Deux attentats suicides ont eu lieu au cœur de la Belgique la semaine dernière. Un deuil national de trois jours a alors été décrété et le niveau d’alerte maximal a été rehaussé dans la capitale belge. Des étudiants de l’Université Laval en échange témoignent.
Les attentats sont survenus en pleines heures d’affluence le matin du mardi 22 mars. À une heure d’intervalle, le premier visait le hall des départs de l’aéroport de Bruxelles, et le second le métro, à proximité des institutions européennes. Le bilan fait état d’au moins 31 morts et 270 blessées.
Rappelons que la Belgique avait haussé son état d’alerte à son maximum en novembre dernier après les attentats de Paris. Au vu des tristes circonstances, Impact Campus a repris contact avec Étienne Côté Vaillant et Alex Miller-Pelletier actuellement sur place à Bruxelles.
Étienne s’est dit « choqué de ce qui arrive ». Ces attentats, a-t-il dit, « [lui] donnent l’impression qu’en fait, on n’a aucun contrôle sur ce qui arrive, on est tous dépassés ».
« Toutes les forces de police ont été mobilisées pour capturer Abdeslam, or deux attentats étaient en train de se planifier », a-t-il souligné avant d’ajouter que « c’est apeurant et frustrant ». Lorsqu’il a décrit la situation, il a déclaré qu’il a reçu des consignes de rester chez lui, ce qui ne l’a pas empêché de marcher dans la rue. « Tout semble normal, mais les transports en commun sont gelés. [Ce sont] les images du centre-ville qui ont l’air plus mouvementées », arguait-il.
Alex réalisait quant à elle que « c’est proche [d’elle] ». « J’ai fait une simulation du Parlement européen la semaine dernière [avant les attentats], j’ai pris le métro tous les jours à ces mêmes heures », a-t-elle confié. En ce qui concerne les cours, Alex a révélé qu’ils avaient été annulés pour la journée, mais que l’Université libre de Bruxelles a rouvert ses portes dès le lendemain en doublant notamment sa sécurité.
En revanche, un cours a été annulé pour des étudiants en droit de l’Université Saint-Louis. « Malgré les directives de l’université, le prof n’a pas voulu donner cours », a dit Étienne. Un étudiant de l’auditoire faisait malheureusement partie des victimes. « Il était dans ma classe, il avait mon âge, c’est affreux », a-t-il ajouté.
Un lieu symbolique ?
Beaucoup estiment que ces lieux n’ont pas été choisis au hasard. L’aéroport de Bruxelles est d’une part un symbole du transit international et, d’autre part, se situe à quelques kilomètres du siège de l’OTAN. Quant au métro, rappelons que l’explosion a eu lieu dans le quartier européen. « Attaquer la Belgique, c’est attaquer le symbole européen, ses institutions et ses valeurs », confiait d’ailleurs Étienne.
Toutefois, c’est à évoquer avec précaution. En effet, les revendications de l’Etat islamique soulignent surtout le combat que le plat pays mène au sein de la coalition internationale.
L’agitation à son comble
A contrario des attentats de novembre où Paris avait été à l’arrêt, le gouvernement belge a tenté de rétablir les choses le plus vite possible. À la fin de la journée, la vie reprenait ainsi son cours et l’heure était surtout au recueillement. Des rassemblements en hommage aux victimes ont eu lieu au centre-ville de Bruxelles. Plusieurs pays ont exprimé leur solidarité en affichant les couleurs de la Belgique sur les bâtiments publics. À Québec, la délégation Wallonie-Bruxelles proposait, par exemple, un registre de condoléances ainsi qu’un rassemblement au lendemain des tristes évènements.
Toutefois, ce sont les moyens de transport qui ont été les plus touchés. La direction de l’aéroport déclarait sur son compte Twitter que « l’aéroport restera fermé mercredi » avant d’ajouter dans la semaine « que tous les vols entrants et sortants seraient suspendus jusqu’au 27 mars inclusivement ». Ces derniers ont été déroutés vers les aéroports régionaux.
En ce qui concerne les lignes de métro, le site Web du réseau de transport en commun belge déclare que certaines stations ne seront pas desservies jusqu’à nouvel ordre.
L’alerte maximale est quant à elle passée du niveau 4 au niveau 3 quelques jours seulement après les évènements. Les risques liés aux attentats sont toujours présents, mais ne sont plus considérés comme étant imminents.
Décalage horaire oblige, c’est quelques heures plus tard que l’onde de choc a atteint les étudiants belges de l’Université Laval. Le premier réflexe était donc de joindre ses proches et amis. Qui manquait à l’appel ? Une situation qui semblait irréelle, alors que plusieurs pensaient revivre celle du 13 novembre.
« En ce qui me concerne, je me suis levée et je me suis vraiment demandée ce qu’il se passait. Tant de messages en même temps », a confié Alison Thieffry, étudiante en géopolitique. « Sur le coup, cela a vraiment été un choc. C’était irréaliste, j’ai passé la journée à m’informer », a-t-elle poursuivi.
Il en va de même pour d’autres étudiants qui avaient rencontré des Belges à l’université. « J’ai directement tenté de contacter mon amie sur place via les réseaux sociaux », a déclaré Sabrina Bourgeois.
Le lendemain, en revanche, on accuse plutôt le coup. « Je ne pense pas que ce soit la Belgique qu’on visait », a raconté Alison, « mais plutôt la société occidentale. »
Quant à ceux qui pensent que le gouvernement belge a plutôt été naïf et a manqué de professionnalisme, Alison est claire. « La Belgique a fait tout ce qu’elle a pu et il y a sûrement des choses qu’on ne sait pas. »