Le cinéaste mexicain, Luis Galindo, était de passage dans la Vieille Capitale pour présenter six courts métrages, mardi dernier, à la microbrasserie La Barberie. Impact Campus s’est entretenu avec lui pour comprendre le déroulement de sa tournée mondiale.
Après la Thaïlande, la Colombie, le Mexique et les États-Unis, voilà que Luis Galindo a mis les pieds en sol canadien pour offrir gratuitement au public québécois le fruit de ses dernières années de travail.
Prévue initialement pour le mercredi 22 mars, la projection a dû être remise une semaine plus tard en raison de problèmes à la frontière canado-américaine. « Tous mes sacs ont une allure plutôt particulière, comme si je transportais des armes. Les douaniers ont donc passé mes bagages sous les rayons X. Ils m’ont regardé, ils ont vu mes tatouages et se sont demandés si tout ce matériel était vraiment à moi », raconte-t-il à la blague.
Cette tournée aux quatre coins du monde se voulait initialement être une façon de présenter son travail à des producteurs et des promoteurs de festivals dans le but ultime d’être remarqué par l’un d’entre eux.
« J’avais déjà fait plusieurs courts métrages et je les avais envoyés à des festivals, soutient-il. Des fois, j’ai dépensé jusqu’à 250 000 $ pour obtenir une seule réponse. C’est beaucoup trop d’argent. Je me suis dit pourquoi ne pas prendre un projecteur et voyager pour présenter mes courts métrages moi-même. »
Frapper un mur
L’aventure se déroulait bien pour le cinéaste mexicain jusqu’à son tout dernier arrêt, à Austin, au Texas, à l’occasion du South by Southwest Film Festival.
« Je me suis adressé à la foule rassemblée près du Paramount et tout le monde m’a soudainement regardé. Je les ai remerciés de leur attention et j’ai enchaîné : » Je m’appelle Luis et je suis cinéaste. Je viens de Ciudad de Mexico et je présenterai mes films gratuitement demain à South by Southwest. Si quelqu’un veut me parler, je suis disponible. » Dès que j’ai eu fini, je me suis mis à entendre les gens rire de moi », relate-t-il.
À partir de ce moment, Luis a compris que le statut de vedette était nécessaire pour attirer l’attention des médias. « Ce n’est pas quelque chose dont je veux faire partie, je veux seulement faire des films, indique-t-il. Tu n’as pas à accomplir quoi que ce soit dans la vie pour être intéressant. Tu as seulement à être toi-même. La magie existe dans la façon dont on dit les choses. »
« Au début, je me disais qu’un jour, ils allaient le regretter d’avoir ri de moi et, par la suite, je me suis dit que je ne leur laisserais pas cette chance de m’avoir en entrevue », assure Luis.
École de la vie
« Personne ne va venir ici et dire que c’est facile de vivre de son art. À l’école, on ne nous enseigne pas quelque chose de très important : comment cogner à des portes et serrer des mains? J’imagine qu’on doit apprendre ça par nous même. J’ai appris à la dure. J’étais à la meilleure université, celle de la vie », lance-t-il.
Le Mexicain ne s’est pas laissé démoraliser par cet incident. Il s’est seulement promis qu’il rayerait à tout jamais le poste de réalisateur des génériques de ses courts métrages.
« Stanley Kubrick a accordé qu’une seule entrevue dans sa vie. L’écouter m’a fait réaliser que je voulais éliminer le rôle de réalisateur dans la production de films, explique-t-il. C’est trop glamour. Toutes les personnes qui travaillent sur un film ne sont pas autant appréciées que le réalisateur alors que chacune d’entre elles est importante. On est tous pareil à la fin. »
Destination : Québec
Toutefois, Luis Galindo s’est dit bien heureux de venir dans la ville de Québec pour partager son art avec le public.
« J’étais neveux, puisque je me demandais ce que j’allais dire aux gens. J’en ai déduit qu’un artiste ne devrait pas expliquer son art. Je peux dire ce que je fais en ce moment, mais je ne commencerai pas à expliquer ce que j’ai déjà mis en images. Les gens devraient se faire leur propre histoire et ça ne dérange pas s’ils l’aiment ou ne l’aiment pas », précise-t-il.
Retour à l’essentiel
Quelques dates sont encore prévues à son calendrier. Par la suite, deux projets de courts métrages l’attendent : une adaptation d’une pièce de théâtre mexicaine ainsi qu’un projet original. Le but premier est de revenir à ses racines. Ce qui a déclenché cela, c’est la désolation de l’artiste face à la dénaturation de l’être humain.
« Quand tu demandes à une salle remplie de personnes qui chantent, il y a seulement quelques personnes qui lèvent la main. Si tu le fais dans une garderie, tous les jeunes lèvent leur main. Qu’est-ce qui se passe? Quand perdons-nous notre nature humaine? », s’interroge Luis.
C’est donc caméra à la main que le réalisateur capture les petits moments du quotidien afin d’illustrer ce qu’est d’être heureux.