Élections municipales en France: Défaite historique de la gauche

À l’issue du second tour des élections municipales françaises, dimanche 30 mars, les socialistes au pouvoir ont subi une défaite cinglante. Le parti du président François Hollande enregistre la perte de nombreuses villes, tandis que le Front national (FN) – parti d’extrême droite – revendique un score historique.

Margaud Castadère-Ayçoberry

@MargaudCastAyco

La gauche enregistre un recul spectaculaire. Elle perd dix des plus grandes villes françaises. Au total, elle cède 155 villes de plus de 10 000 habitants, alors que la droite enregistre un gain de 142 villes. Selon des résultats provisoires, les listes de droite ont recueilli 45,91% des voix au niveau national, les listes de gauche 40,57% et le Front national (FN) a été crédité de 6,84% des suffrages.

Ces élections municipales ont notamment été marquées par une très faible participation, ce qui n’a pas aidé le camp de François Hollande, au pouvoir depuis deux ans. Le taux de participation s’élève à 63,7% au second tour, un taux qualifié d’« historiquement bas » par le ministre de l’Intérieur Manuel Valls.

L’ampleur de cette défaite de la gauche s’explique par l’impopularité du couple exécutif Hollande-Ayrault et, notamment, son incapacité à faire reculer le chômage. La politique du gouvernement a donc sévèrement été sanctionnée par l’électorat français. Le président de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) Jean-François Copé s’est quant à lui félicité de la victoire de la droite, qu’il a très vite baptisée de « vague bleue ». L’ancien parti de Nicolas Sarkozy a conquis des villes hautement symboliques, comme Toulouse, quatrième ville de France, un des bastions de la gauche depuis près d’un siècle.

Le Parti socialiste a tout de même réussi à conserver Paris, avec à sa tête, et pour la première fois dans l’histoire de la capitale française, une femme : Anne Hidalgo. Elle succède à Bertrand Delanoë.

Victoire historique du FN

Autre signe de désaveu de la politique gouvernementale et de la colère des Français : la percée du FN. Le parti de Marine Le Pen emporte près d’une quinzaine de villes, dont Béziers et Fréjus, deux villes moyennes, après Hénin-Beaumont la semaine passée, au premier tour. Le FN « réalise le meilleur score de toute son histoire » pour des municipales, a déclaré son numéro deux Florien Philippot. Marine Le Pen a ainsi atteint son objectif, qui était de faire élire au moins 1000 conseillers municipaux frontistes. Pari réussi puisque le FN en comptera plus de 1200.

« Il faut désormais compter avec une troisième force politique dans notre pays », a avancé la présidente du FN, après l’annonce des résultats. Le maire UMP de Bordeaux, Alain Juppé, homme fort de la droite et réélu dès le premier tour dimanche dernier, a néanmoins nuancé la percée du FN, en déclarant : « je ne vois pas de vague Bleu Marine ».

Vers un remaniement ?

Face à ce cinglant désaveu, le PS est sommé de réagir. Un remaniement ministériel paraît désormais inéluctable. Il devrait intervenir dès les prochains jours. L’objectif est de conduire une nouvelle équipe gouvernementale resserrée et plus professionnelle. Le premier ministre Jean-Marc Ayrault pourrait même ne pas être reconduit par le président. Il a reconnu qu’il avait sa part de responsabilité dans cette défaite du PS. Pour lui succéder, le nom du ministre de l’Intérieur Manuel Valls est sur les rangs.

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