Du côté démocrate, le Projet Narval; du côté républicain, le projet ORCA : dans la campagne électorale de 2012, les statistiques et les bases de données étaient reines.
Jérémie Lebel
En 2008, la campagne d’Obama avait été louée pour sa maîtrise technologique. L’équipe de campagne avait amassé une quantité impressionnante de données sur l’électorat américain. L’exploit de la campagne de 2012 est d’avoir réussi à rendre compatibles des bases de données qui ne pouvaient pas se « parler » auparavant, créant ainsi une base de données géante qui rendait possibles des recoupements de plus en plus avancés. Pour une tâche aussi classique que les appels aux électeurs, les membres de l’équipe pouvaient dès lors connaître à l’avance la probabilité pour eux de persuader la personne appelée et mesuraient le degré de succès selon l’origine géographique de celui qui appelait. Similairement, les courriels envoyés aux supporters étaient calibrés en fonction du profil du destinataire tel que dressé par la base de données. Plusieurs des courriels étaient en réalité des ballons d’essai qui servaient à tester l’efficacité de mots et de contextes d’envoi précis. Joe Messina, le responsable de la campagne d’Obama, avait pour mantra de « tout mesurer ». Les Républicains, quant à eux, disposaient d’une base de données, mais ils n’ont pas su émuler le succès des Démocrates. Leurs opérations sur le terrain étaient sous-développées en comparaison; ils avaient plutôt mis l’accent sur les médias. Le jour des élections, ils ont dû se rabattre sur les réseaux télévisés pour suivre les résultats. Le système ORCA devait être leur arme secrète, mais son but était de suivre les élections en temps réel et non de cibler les électeurs. Le soir des élections, le système a montré ses limites en continuant de prédire une victoire républicaine écrasante alors que les résultats montraient le contraire sur tous les réseaux télévisés. Pour les Républicains, le chemin de 2016 exigera une adaptation des méthodes pour rejoindre les électeurs, ainsi qu’un message capable d’attirer un électorat beaucoup plus diversifié que par le passé, sans quoi les chiffres ne leur seront d’aucune utilité.