Relation avec les États-Unis : Québec se prépare à de possibles turbulences

Au lendemain de l’investiture de Donald Trump comme 45e président des États-Unis, des centaines de milliers de manifestants sont descendus dans les rues afin de manifester leur mécontentement. Les États-Unis étant le premier partenaire commercial du Québec, plusieurs s’interrogent sur ce que réserve l’avenir sur le plan économique. Impact Campus vous présente l’avis de deux experts sur la question.

Marie-Claude Francoeur et Éric Marquis, respectivement délégués du Québec à Boston et à Chicago, étaient de passage à l’Université Laval le 19 janvier dernier afin de discuter des enjeux de la présidentielle pour le Québec.

« Évidemment, l’élection de Donald Trump fût un électrochoc pour les Américains, les gouvernements étrangers et les marchés. Trump a multiplié plusieurs déclarations fracassantes et des promesses spectaculaires durant la campagne. Maintenant qu’il est élu, ça nous place pas mal sur le qui-vive, avec plus de questions que de réponses », a fait remarquer M. Marquis, en marge de la conférence organisée par le Centre sur la sécurité internationale.

Le Canada est la première destination d’exportation de 35 États américains sur 50. Il existe aussi une « affinité culturelle » entre les deux pays, mentionne le délégué du Québec à Chicago, soulignant la force de la relation entre le Québec et les États-Unis, laquelle « constitue une police d’assurance pour l’avenir ».

Québec dispose de huit représentations (délégations, bureaux ou antennes) dans le pays de l’Oncle Sam. « Oui, de la turbulence, il va y en avoir, mais là-dedans, on n’est pas démuni. On a des moyens de pouvoir faire valoir nos intérêts. Cette action sur le territoire nous place assez bien, somme toute, pour négocier. C’est un virage qui va être difficile, mais qui va exiger pragmatisme et agilité. »

Présence accrue

Le gouvernement du Québec souhaite d’ailleurs intensifier sa présence aux États-Unis, notamment en utilisant son réseau de délégations à l’étranger. « On va probablement avoir des personnes additionnelles qui vont travailler au sein de nos équipes », explique Marie-Claude Francoeur, en entrevue à Impact Campus. « Donc, on ne parle pas ici de redéploiement massif de nouveaux bureaux, on parle vraiment d’ajout de personnels dans des dossiers qui pourraient être très ciblés », dit la déléguée du Québec à Boston.

« Et on est présentement à travailler en collaboration avec nos collègues sectoriels des autres ministères, à la demande du premier ministre, sur un plan d’action pour les États-Unis », ajoute Mme Francoeur. Ce travail était déjà amorcé avant l’élection, compte tenu du discours protectionniste de plusieurs candidats pendant la campagne présidentielle.

Afin d’accompagner les entreprises québécoises implantées aux États-Unis, un Centre de croissance accélérée sera mis sur pied cette année. Dirigé par la Délégation du Québec à New York, le centre travaillera en partenariat avec les délégations du Québec à Boston et à Chicago. « Ce programme va nous permettre d’aider les compagnies qui déjà ont un bon chiffre d’affaires aux États-Unis », soit d’au moins 25 M$, indique Mme Francoeur.

« On continue à encourager les entrepreneurs québécois à venir faire affaire aux États-Unis, de ne pas craindre, malgré ce qu’on entend. Il y a des opportunités, il faut les saisir et il faut être les premiers », ajoute-t-elle.

La nouvelle importance du Midwest

La délégation du Québec à Chicago compte aussi augmenter sa capacité d’action sur des enjeux prioritaires, tels que le commerce, l’environnement, les technologies vertes ou le transport maritime. C’est tout de moins ce qu’indique Éric Marquis. Les mesures concrètes n’ont toutefois pas encore été spécifiées.

Un élément qui ressort de cette élection est la nouvelle place du Midwest américain sur l’échiquier politique, selon M. Marquis. « Cette élection consacre vraiment le Midwest comme le nouveau centre de gravité politique. » Il s’agit d’une région avec laquelle le Québec a des partenariats économiques et institutionnels importants, note le délégué du Québec à Chicago. « On a un levier à notre disposition pour faire valoir nos intérêts. On a déjà des liens avec les décideurs, donc ça donne un accès », dit-il.

Perception du Québec

Comment nos voisins américains perçoivent-ils le Québec? Questionnés à cet effet, les deux délégués ont confié que la province est vue d’un bon œil par les Américains. « Le Québec est perçu comme un partenaire, on est un égal. Ils ont réalisé que le Québec, c’est un leader en matière de développement au niveau politique et social, mais aussi au niveau de la lutte contre les changements climatiques », estime Marie-Claude Francoeur.

Éric Marquis explique que le Québec bénéficie d’une perception favorable et qu’il est davantage sur « l’écran radar » du Midwest. « Traditionnellement lorsque les gens du Midwest pensaient au Canada, ils pensaient à l’Ontario. Le Québec était moins un facteur. »

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