Terrorisme et radicalisation : Une réponse sociale nécessaire

Des actions sur le plan de la sécurité publique ne suffiront pas à lutter contre le terrorisme. C’est du moins ce qu’ont statué cinq panélistes à la table ronde sur la lutte contre le terrorisme et la radicalisation en Afrique et au Moyen-Orient, qui se tenait sur le campus le 23 janvier dernier.

Il faut aussi agir sur le plan social : voici le message livré jeudi dernier. « Il y a une véritable nécessité de s’attaquer à ces conditions sociales, politiques économiques qui constituent un terreau fertile au terrorisme », a souligné le candidat au doctorat en droit international à la Faculté de droit de l’Université Laval, Steve Tiwa Fomekong. Selon lui, il existe un réel défi en termes d’éducation des populations et il faut « promouvoir le dialogue interculturel ».

Une action concertée entre les États serait également nécessaire. « On ne le dira jamais assez, le terrorisme est un phénomène diffus et complexe qui échappe à l’action individuelle des États. Aucun d’entre eux ne peut venir à bout du terrorisme par des actions nationales, c’est impossible. C’est une menace globale qui exige également des réponses globales », poursuit-il.

Gare à l’érosion des libertés

Le professeur invité en science politique à l’Université Laval, Mourad Chabbi, a rappelé que chaque fois qu’il est question de préserver la démocratie du terrorisme, il y a un risque bien présent : celui de « l’érosion de nos libertés publiques ».

Steve Tiwa Fomekong a, quant à lui, souligné l’importance pour les pays engagés dans la lutte contre le terrorisme de respecter les droits humains. Évoquant la situation en Afrique, l’étudiant au doctorat a indiqué que « l’avancement de la menace a poussé des États à adopter des législations liberticides ».

Alors que le bilan s’alourdit en Afrique, la lutte au terrorisme implique l’adoption d’un certain nombre d’instruments juridiques qu’il faut opérationnaliser, a-t-il insisté. Une coopération entre les États en matière de prévention et de lutte au terrorisme est aussi de mise, selon lui. De façon plus globale, les enjeux de cette lutte sont « l’évitement d’une montée des tensions et d’une confrontation plus large » ainsi que « l’avenir du vivre ensemble », a fait valoir M. Chabbi.

Le professeur invité n’est pas très optimiste quant à l’avenir de la situation politique au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. « Dans cette partie du monde, il n’y a plus de forces organisées capables de mener des changements pacifiques. C’est donc la voie ouverte au changement par le chaos », a-t-il lancé.

Invité à élaborer sur le sujet, il a rappelé que, « dans la majorité des cas, vous avez des systèmes qui sont à la fois dictatoriaux, mais aussi qui sont injustes économiquement, politiquement, humainement ». Sur le plan politique, « il n’y a pas de volonté de dialogue, mais il y a toujours cette imposition du pouvoir par la force », regrette-t-il.

De combattants à étrangers

À la fin de 2015, 180 Canadiens étaient soupçonnés de se livrer à des activités liées au terrorisme, d’après le Rapport public de 2016 sur la menace terroriste pour le Canada. Plus de la moitié d’entre eux seraient actuellement en Iraq, en Syrie ou en Turquie. « Le gouvernement du Canada était au courant qu’environ 60 voyageurs extrémistes étaient de retour au Canada », précise Sécurité publique Canada dans son rapport.

Le cas des Canadiens qui partent combattre à l’étranger est source croissante d’inquiétudes pour les instances publiques. Comme l’a souligné l’étudiant à la maîtrise en science politique à l’Université Laval, Guillaume Corneau-Tremblay, le départ de volontaires canadiens vers des zones de conflit n’est pas un phénomène nouveau, évoquant la guerre civile espagnole ou la guerre israélo-arabe de 1948.

« Les différents gouvernements n’ont jamais été en mesure de répondre adéquatement et à temps aux Canadiens qui partent combattre à l’étranger », a-t-il relevé. Selon lui, la Loi antiterroriste de 2013, qui empêche seulement le départ de combattants vers des groupes terroristes, est difficilement applicable. Le gouvernement doit avant « protéger les Canadiens qui partent et leurs concitoyens à leur retour ».

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