Par Jessica Dufour
Bientôt
Nous serons acculé.es
Au mur de nos déchets
Nos montres de métal
Au souffle de souffre
Nous feront suffoquer
Cadavres itinérants
Dans un désordre collectif monumental
Aux allures de désert
Nous foulerons des plages sans sable
Faites de copeaux multicolores
Qui ne brillent pas au soleil
Pêcherons des poissons-fantômes
Avec des harpons rouillés
À la dérive parmi les mirages
Et nous blâmerons la sécheresse
Les un.es sur les autres
Nous serons des vautours
À la recherche de miettes à digérer
À moins que
À
moins
que subsiste
en
nous une
parcelle de sens
une bonne cellule peut
encore
germer en un
arbre géant qui à force
de pousser défoncerait le dôme
pour nous faire
voir la lumière et
à partir de cette brèche s’étireraient
des sillons craquant la surface opaque de
longueur en largeur un à un se déferaient les
maillons
de l’immobilisme
nos poumons se gonfleraient
complètement d’un air nouveau comme
au printemps si nous aspirions tous au même retour
à la terre
à la même vie simple et naturelle pour enfin nous
harmoniser à notre
environnement
il est possible
ce monde si
on se donne
la peine de
l’imaginer