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L’avenir, ma défunte source d’angoisse

Rubrique santé mentale

Demain, que se passera-t-il? Dans 6 mois ? Dans 1 an ? Dans 5 ans ? Le genre de question que je me suis posé si longtemps et qui m’a rendu malade. C’était l’une de mes principales sources d’anxiété jusqu’au jour où j’ai réalisé que de faire confiance au moment présent est l’un des plus beaux cadeaux que je me suis faits pour ma santé mentale.

Par Andréi Audet, chef de pupitre société

J’ai toujours rêvé de devenir journaliste. Du haut de mes 8 ans, je me rappelle que j’étais rivé devant l’écran de mon téléviseur chaque soir pour regarder le bulletin de nouvelles de ma région natale. J’étais dans une sorte de bulle. Passionné par ce que la lectrice de nouvelles disait, je me suis alors promis que j’allais aussi pratiquer ce métier dans le futur.

Rêver d’être grand

Le point de départ. La prémisse à mon anxiété à propos de l’avenir : l’envie d’être dans le monde adulte alors que je débutais à peine ma dizaine. Ma mère me rappelait fréquemment que la vie est faite pour être vécue un moment à la fois et de profiter des plus beaux, surtout si nous considérons que le quotidien n’est pas toujours de tout repos. Malgré les sages paroles de ma mère, je me voyais déjà journaliste, micro à la main, en train d’informer les téléspectateurs et téléspectatrices d’un événement de dernière heure. Le secondaire même pas commencé, j’effectuais des recherches sur le Web sur les formations offertes en journalisme. Où irais-je bien? À Jonquière ou à Ottawa? À bien y penser, j’avais perdu mon innocence de jeunesse un peu trop tôt.

De quoi aurai-je l’air demain?

À l’école secondaire, en pleine quête identitaire, j’angoissais à l’idée de me faire juger par mes camarades de classe. De quelle façon étais-je vu, considéré, apprécié? Le soir, avant de tenter de m’endormir, la tête tourbillonnante de scénarios hypothétiques, je me demandais de quelle façon je pouvais mieux paraître pour le lendemain. À tel point que cette anxiété du lendemain pouvait me causer de l’insomnie et que je sois obligé de passer le temps à écouter des émissions sur mon mythique iPod touch avec son minuscule écran de 3,5 pouces.

Un peu plus près de la vie convoitée

17 ans. L’heure était venue de quitter le nid familial vers de nouveaux horizons. Mes études collégiales à Ottawa que j’avais attendues, vous vous doutez bien, avec impatience, allaient commencer. J’avais soif d’apprendre le métier de journaliste. Je crois être arrivé un peu imbu de moi-même. Je pensais déjà posséder une base que certains de mes collègues dans le programme n’avaient pas. La réalité m’a vite rattrapé. Bien que je possédais des atouts, j’avais des aspects de ma technique à travailler, comme tout le monde. Je me suis alors mis à gruger ce même vieil os qu’est mon anxiété sur l’avenir. Si je n’étais pas capable d’être au sommet, malgré mes défauts, qu’est-ce qui pourrait bien m’arriver ? Allais-je obtenir l’emploi de mes rêves ? Aurais-je une brillante carrière dans le monde des médias ?

Repositionner sa réflexion

Le coup a été dur à encaisser. Je n’ai pas obtenu le stage que je voulais. Je rêvais depuis tellement d’années d’évoluer en journalisme télévisé. Je me suis résigné à devoir faire mes premières armes en presse écrite. J’étais évidemment content de pouvoir faire ce qui me passionne, le journalisme. Mais ce n’était pas vraiment ce à quoi je m’attendais. Je comptais revenir dans ma région natale, l’Abitibi, avec l’idée de mettre un pied dans une station de télévision. Comme ce ne fut pas le cas, j’étais angoissé encore une fois par rapport à ce qui allait m’attendre dans le futur. Dans ma tête, si je n’avais pas réussi à obtenir un stage en journalisme télévisé, c’était un échec, et jamais je ne serais en mesure plus tard au courant de ma vie de réaliser mon rêve de jeunesse. Depuis que je suis à l’université, j’ai compris que la vie n’est pas faite pour se rendre malade en pensant au lendemain, bien au contraire. Je prends beaucoup plus mon temps, du moins, je prends le temps de vivre ce qui se présente à moi au quotidien. J’ai réalisé de cette façon que la vie est plutôt faite pour évoluer, maturer son être au jour le jour. Chaque chose en son temps. C’est cliché, me direz-vous. J’ai longtemps pensé la même chose, mais lorsqu’une réflexion profonde s’enclenche en soi, qu’on finit par réaliser que ce n’est pas cliché et que c’est plutôt la réalité, l’état mental ne peut que mieux se porter.

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