[CHRONIQUE] Dans la lutte contre les changements climatiques, Greta Thunberg est devenue une figure importante. Elle a récemment traversé l’océan Atlantique pour faire entendre sa voix dans une manifestation pour le climat à New York. Sans porte-parole, le message des militants aurait-il autant d’impact ?
Par Andréanne Pinsonneault, journaliste collaboratrice
La réponse est non.
Il n’y a qu’à penser au mouvement des gilets jaunes en France. Ce qui a commencé comme un mouvement de protestation contre la hausse des taxes sur le carburant est devenu une manifestation anti-gouvernement Macron. Les gilets jaunes ont identifié huit « communicants » pour porter leurs demandes en 2018, parmi eux Éric Drouet, Priscilla Ludovsky et Maxime Nicole. Néanmoins, ils n’avaient pas de pouvoirs décisionnels, ils n’étaient que des messagers. Ils ne faisaient pas l’unanimité au sein des gilets jaunes, que ce soit à cause de leur affiliation politique individuelle ou bien de leurs revendications qui étaient parfois floues. Difficile de représenter un front uni quand il y a autant de demandes différentes dans un aussi grand mouvement. Le gouvernement ne pouvait pas négocier de manière efficace.
Dans le cas où un mouvement a un porte-parole faisant l’unanimité est désigné, la médiation est plus facile. Les demandes du mouvement sont connues et on sait à qui s’adresser pour entamer les négociations. Les militants sont aussi mieux organisés et peuvent coordonner leurs actions en conséquence de leur représentant. Par exemple, Greta Thunberg donne des entrevues et fait des apparitions un peu partout pour sensibiliser la population. De gros événements sont alors plus faciles à planifier.
Pas que des côtés bénéfiques
Il est plus simple d’attaquer la crédibilité d’un porte-parole que le message lui-même. Un des exemples le plus récent est celui de Maxime Bernier. Le chef du Parti populaire du Canada a critiqué Mlle Thunberg avec un tweet début septembre dans lequel il la qualifiait de « mentalement instable ». Il s’est excusé quelques jours après.
En bref, les côtés positifs d’avoir un porte-parole contrebalancent grandement le négatif. L’organisation, la crédibilité et la portée s’en retrouvent bonifiées. Le mouvement a aussi une plus grande chance de voir ses revendications adoptées, du moins en partie, par les dirigeants.
Marche du 27 septembre
Il y a eu récemment une journée de mobilisation internationale pour le climat. La marche de Montréal a réuni 300 000 personnes selon Urgence-santé. De leur côté, les organisateurs ont évalué la foule de 450 000 à 500 000 personnes. Tous les chefs des partis politiques fédéraux étaient présents, sauf Andrew Scheer et Maxime Bernier. Greta Thunberg était présente et a fait un discours durant l’événement.