Ce mois-ci, j’ai fait une liste de sujets que je pourrais aborder en lien avec la thématique. Je savais que je ne ferais pas de création littéraire, parce que je considère que ce n’est pas ma place pour ça ici et d’autres personnes avaient eu envie de le faire, alors que moi, j’avais envie de ne rien écrire. Pas de création, pas de critique, pas de chronique, j’aurais remis un document Word avec rien d’écrit dessus. Sauf que je dois payer mon loyer, mon forfait de cell à 100$ et le reste, alors j’allais en écrire un texte, parce que c’est ma job.
Par Emmy Lapointe, cheffe de pupitre aux arts
Je me suis résolue à faire une critique d’un livre où je pourrais pointer du doigt une dualité quelconque.
J’ai regardé dans ma pile de livres reçus le mois dernier, rien ne me tentait vraiment. Je me suis tourné vers ma bibliothèque, j’ai pris un bouquin au hasard. Je suis tombée sur Telma, Louise et Moi de Martine Delvaux. Je l’avais déjà lu à sa sortie, une relecture en diagonale suffirait à pondre un texte de quelques centaines de mots. Je pense même que j’aurais pu écrire un texte dessus sans l’avoir jamais lu au complet. Parce que si mon bac en littérature m’a enseigné qu’on ne change pas le monde à coup de poèmes et de romans, il m’a aussi montré qu’on peut parler de choses dont on ne sait rien sans que personne ne s’en rende compte. Mais je ne le ferais pas pour Delvaux, ses œuvres veulent encore dire quelque chose pour moi.
J’ai quand même décidé de ne pas écrire sur le livre, parce que j’ai essayé de l’ouvrir, sans être capable de le lire. Je ne suis plus capable de rien lire. J’ai un reading slump depuis je ne sais pas combien de temps. Et en ce moment, c’est pire, et ce n’est plus juste un reading slump, c’est un tout ce-que-je-dois-faire slump.
Je suis entre les quatre murs de mon petit loft de Saint-Roch depuis le premier octobre en espérant pouvoir en sortir le 28. Je ne pense pas que ça arrivera, mais je ne veux pas l’entendre. Je veux qu’on me dise que je pourrai aller travailler dans un café au lendemain de l’Halloween, que je pourrai écouter la finale d’OD autour d’une bouteille de cidre et de quelques ami.es. Je n’ai plus envie qu’on me dise que je ferai mes séminaires cet hiver à distance. Je ne veux plus qu’on me dise que je payerai 1800 balles pour des PDF et des zoom où je zone out pour me pousser sur une track de chemin de fer qui n’existe pas ou dans une foule d’un spectacle de rap à l’Impérial qui existe encore moins.
Je veux qu’on me dise que finalement, ce sont les complotistes qui avaient raison, que ce virus-là n’existe pas. Je veux qu’on me dise que c’est le virus qui avait raison, que les complotistes n’existent plus.
Je veux qu’on me donne d’autres chansons tristes à rajouter à ma playlist « Sick Sad World ». Je veux qu’on me suggère des nouveaux endroits où on peut breakdown en respectant les mesures sanitaires.
Je veux que les gens arrêtent de crever dans les hôpitaux à cause de ce virus-là. Je veux que les gens arrêtent de crever en live sur Facebook dans les hôpitaux de Joliette.
Je ne veux plus avoir à écrire sur les forums pour 2,2% de ma note finale. Je veux que ma voisine de palier revienne pour être moins toute seule dans mon loft de Saint-Roch. Je veux pouvoir remplir mon loft de Saint-Roch de tous et toutes mes ami. es et pas juste dans le 13 pouces d’écran de mon macbook.