Nouveau mois, nouvelle thématique pour le magazine d’Impact Campus qui s’intéresse cette fois-ci à la dualité. Beaucoup de significations entourent ce thème de dualisme, de paradoxe, d’altérité et de confrontation. Ce qui est intrigant, c’est que la pensée humaine a construit des concepts qui s’opposent entre eux. Peut-être une façon de comprendre le monde qui nous entoure en fonctionnant par un système de balance : un côté penche toujours.
Par Léonie Faucher, rédactrice en chef
Comme chaque éditorial, j’aime bien commencer par une réflexion que la thématique du mois m’a apportée. Lorsque nous avons choisi la dualité, j’ai cherché ce qu’implique le dualisme dans la vie quotidienne. Sûrement que mon cours sur l’auteur Perec qui s’affairait à transcrire des scènes de la vie quotidienne en s’octroyant des contraintes farfelues (comme l’absence de la lettre e dans un roman) a influencé ma réflexion.
Ma première constatation est que la majeure partie des concepts qu’utilise la pensée pour fonctionner se basent sur une dualité des contraires. Par exemple :
le vrai et le faux
l’abstrait et le concret
le bien et le mal
le ciel et l’enfer…
Sorte de manichéisme, ce genre de classification propose des contradictions éternelles. Faut-il toujours savoir si on aime ou n’aime pas, si on veut ou ne veut pas ? Puisqu’aucun concept ne peut exister sans son contraire, il faut trancher. Par exemple, comment déterminer ce qui est bien, si on ne sait pas ce qui est mal ? Si le mensonge n’existe pas, la vérité non plus, car dire ce que l’on pense devient naturel. Personne ne ment, personne ne dit la vérité. Les personnes parlent tout simplement.
Cependant, ces dualités ne sont pas toutes des constructions de la pensée humaine. Dans la nature, ce genre de contradiction existe aussi : l’homme et la femme, l’esprit et la matière, la vie et la mort, l’obscurité et la lumière…
Tout ce qui existe semblerait trouver son contraire, la dualité serait-elle donc universelle ?
Je crois que oui, car chaque contraire ne peut pas exister sans son partenaire, ils sont indissociables l’un de l’autre. La logique des contradictions voudrait que les concepts s’opposent, mais le dualisme ne fonctionne pas tout à fait comme ça. En effet, selon moi, les concepts auraient plutôt tendance à s’additionner. Puisque le côté pile ne peut pas exister sans le côté face, les deux contraires indissociables s’unissent pour créer la pièce. Les deux côtés se complètent et s’opposent en même temps.
«Le dualisme contemporain n’oppose pas le corps à l’esprit ou à l’âme, mais l’homme à son corps.» – David Le Breton, anthropologue, sociologue et professeur à l’Université de Strasbourg.
Un magazine en dualité
Encore une fois, nous avons la chance d’avoir eu plusieurs collaborateurs et journalistes qui ont choisi de travailler sur plusieurs sphères de la dualité. Ainsi, le thème sera abordé sous sa forme sociétale, politique et artistique.
D’ailleurs, Noémie Rondeau présente un résumé de l’actualité du mois, à la page 10.
Figure dans le dossier ce mois-ci, un article d’Andréi Audet sur la dualité que vivait une étudiante internationale, alors qu’elle étudiait à l’Université Laval. À la page 12, la sensibilité du sentiment de l’acceptation est très bien contextualisée.
Ensuite, Jessica Dufour revient sur le phénomène autour des technologies présenté dans le documentaire The Social Dilemma sur Netflix. Les réseaux sociaux nous ont-ils rendu accros ? C’est à la page 16.
Mon premier article est en page 20 et traite des conflits intergénérationnels. Après le Ok, Boomer que pouvons-nous analyser de ces conflits ? Mais surtout, pourquoi existe-t-il des conflits entre les différentes générations ?
Finalement, Mélissa Gaudreault présente un court article sur les tabous sociétaux abordés dans les arts. Portes d’entrée pour questionner la société, les arts subissent des critiques lorsqu’ils dénoncent des enjeux dits intouchables (page 26).
La dualité sociale
Cette dualité touche les intérêts et les différences entre les divers groupes sociaux qui composent ce qu’on appelle la société contemporaine. Par exemple, j’ouvre le bal avec un article sur l’altérité et les mouvements solidaires du mois d’octobre. Suit une réflexion sur la raison de la catégorisation de l’Autre, à la page 30.
Gabriel Tremblay, quant à lui, offre un témoignage sur la réalité du daltonisme. De l’origine à l’explication scientifique, il passe aussi par la confidence de sa propre expérience (page 34).
Par la suite, Jimmy Lajoie-Boucher offre un article bien étoffé sur la dualité face aux mesures sanitaires instaurées dans le cadre de la Covid-19. Bien qu’Impact Campus encourage la responsabilisation de chacune dans le respect des consignes, le débat sur celle-ci prend beaucoup de place sur les réseaux sociaux (page 36).
La dualité politique
Les différents partis politiques sont constamment dans une dualité pour gagner leur place au sein du gouvernement. C’est ce dont Ludovic Dufour traite dans son article à la page 46. Est-ce que la rivalité politique est inévitable ?
La dualité photographique
Ce mois-ci, deux photoreportages abordent la dualité de manière poétique. En premier, Jessica Dufour présente une série de diptyques pour illustrer les ressemblances entre les milieux urbains et naturels (page 40).
En deuxième, je montre des endroits, parfois digne de films d’horreur, que l’humain a abandonnés et où la nature a repris ses droits. À la page 50, des lieux oubliés sont redécouverts sous un œil poétique.
La dualité artistique
Dans la section art, une grande diversité d’articles est présente pour ce numéro. En effet, Emmy Lapointe propose une réflexion sur les déceptions liées au deuxième confinement, mais aussi à une écoeurantite amère des impacts sociaux de la pandémie, à la page 56. Puis, encore une fois, elle liste les sorties littéraires du mois de novembre qui sont à ne pas manquer, à la page 58. Par la suite, une entrevue avec l’autrice et youtubeuse Victoria Charlton permet de connaître un peu plus les projets qui l’allument (page 64).
Jessica Dufour revient avec un compte-rendu de lecture de l’œuvre de Jean Désy, Être et n’être pas, à la page 60. Également, elle présente une entrevue à la page 71 avec l’auteur Sebastián Ibarra Gutiérrez, suite à l’autopublication de son long poème La Dédoublure.
Ensuite, Marc-Antoine Auger propose un article sur les paradoxes présents dans le cinéma de la Nouvelle Vague des années 1960, c’est en page 66. Renouveau et bris de la structure classique (tension montante et punch), ce cinéma entraîne encore des débats aujourd’hui.
Finalement, le magazine de novembre se ferme sur plusieurs créations littéraires de genre poétique.
À la page 80, deux de mes poèmes figurent. Le premier traite de la vision de l’Autre sur soi et le deuxième traite de la différence que l’on perçoit chez soi face à l’Autre.
À la page 82, une poésie de Gabriel Tremblay incluant les objets élémentaires pour, selon moi, sortir de ce qui est normalement attendu de nous, mais je vous laisse faire votre propre interprétation.
Pour finir, une petite ballade en voiture à la page 83 avec une poésie de Mérédith Boudreault. Il faut quand même faire attention aux sorties de route !