On dit souvent qu’à Québec, l’hiver est froid et les gens chaleureux. La qualité de vie y est douce, bien que les températures soient souvent rudes. Pour les francophones du monde entier, la province représente le rêve américain. Un rêve qui s’incarne par l’exode de ceux qui, bien trop occidentaux pour se nommer « immigrés », préfèrent « s’expatrier ». À leur arrivée, les Français métropolitains, fidèles à leur réputation, râleront d’abord, puis conforteront leurs stéréotypes : l’accent est bien trop drôle et le vin bien moins bon.
Par Hélène Bernardot, journaliste collaboratrice
Les différences culturelles sont amusantes à pointer du doigt : ici, on dit « tu », mais on parle de « chez nous », puis on jure par des sacres. Si l’on rejette l’anglais, on ne se prive pas de glisser quelques mots de la langue de Shakespeare parce que c’est l’fun. On aime répéter que le fromage et le pain étaient bien meilleurs en France, qu’il est pénible de toujours devoir donner un pourboire, que l’hiver est trop long, trop froid, trop enneigé, que la poutine, c’est pas de la vraie gastronomie, que le dîner, c’est le repas du soir et que de toute façon, on a gagné deux fois la coupe du monde de football ‒ soccer, c’est pour les osti d’ricains.
Le peuple d’irréductibles gaulois n’a rien à envier à personne. Après tout, France rime avec arrogance. Petit à petit, on prendra le temps d’apprécier la mélodie d’un accent qu’on croyait bête. On apprendra qu’il n’y a pas que Céline Dion, mais bien d’autres artistes à découvrir. On transformera nos « du coup » en « fait que », puis on osera sortir par – 25°C. On prendra le temps d’observer toutes les teintes de bruns et d’oranges pendant l’automne.
On s’habituera aux écureuils, à la slush, aux « bonjour » pour dire « aurevoir ». On entretiendra le mythe des tunnels et de la ville souterraine auprès de nos proches, de l’autre côté de l’océan. Si Québec signifie en algonquin « là où le fleuve rétrécit », c’est peut-être le meilleur endroit pour s’ouvrir l’esprit. Ami·es français·es, plutôt que de chiquer la guenille et de péter de la broue, profitons de l’expérience.
Et si la France te manque, lâche pas la patate !