Chrétiens, imams et relativisme

(En réponse au texte «Un nouveau dérapage de la liberté en éducation au Québec», de huit étudiants en philosophie, paru dans l’édition du 10 mars d’IMPACT CAMPUS)

Thomas de Koninck, il est vrai, fut l’un des «plus grands penseurs de toute l’histoire du Québec». Un des derniers philosophes assez courageux pour défendre l’idéologie religieuse médiévale (le thomisme) contre la science et la réalité, il demeure encore aujourd’hui un exemple vénéré de ce que peut être le philosophe québécois. C’est en suivant son exemple que quelques philosophes de chez nous se sont réunis dernièrement pour éclairer de leur pensée critique le nouveau cours d’éthique et de culture religieuse, un cours imposé aux jeunes québécois avec un mépris des droits les plus fondamentaux. Le jugement est déroutant : un système d’éducation dans lequel on montrerait aux jeunes Québécois la grande variété des religions sur Terre aurait un effet dévastateur sur la société démocratique québécoise et rendrait presque impossible «le dialogue ou le débat public». Ma foi! Je n’arrive pas à me représenter un monde où l’on n’organiserait pas quotidiennement des débats publics opposant des chrétiens fondamentalistes à des imams barbus. Après tout, il va de soi que tout réel progrès social se fait en opposant les différents préjugés religieux hérités de notre jeunesse, n’est-ce pas? Mais attention! Avec ce nouveau cours, les crypto-athées tyranniques du gouvernement québécois conspirent pour arracher aux parents le droit d’endoctriner leurs enfants en fonction de leurs inviolables superstitions fétiches. C’est à juste titre que nos philosophes estiment qu’il s’agit d’un droit «inaliénable». C’est bien simple : pour qu’un humain en arrive à croire qu’un homme mort sur une croix il y a presque 2000 ans soit un dieu, ou qu’un marchand arabe soit le dernier prophète d’un dieu, on doit commencer à modeler son esprit dès la plus tendre enfance. Rendu à l’âge adulte, s’il a été contaminé par la «pensée relativiste» contemporaine, c’est presque impossible. En somme, on doit tout faire pour empêcher l’État «d’imposer de force [ses] croyances» sur les jeunes; c’est un droit réservé aux seuls parents.

Jean-François Létourneau
Étudiant en biologie
 

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