«Est-ce que tu compostes?», m’a-t-on récemment demandé. Eh bien «malheureusement non, pas encore», ai-je répondu avec une pincette de culpabilité. Croyez-vous que nous, citoyens consciencieux, sommes rendus à ce virage plus écologique?
Le recyclage, il me semble, va de soi aujourd’hui et particulièrement pour les nouvelles générations. Depuis la fin du projet insensé du Suroît du gouvernement Charest, on remarque que le tournant vert a été pris un peu partout. Mise sur pied de parcs éoliens, promotion d’achat d’ampoules moins énergivores, nouvelle réglementation permettant de rouler avec une Zenn ou une Nemo, sacs réutilisables dans nos épiceries, déduction fiscale pour les laissez-passer de transport en commun: manifestement, le vert est à la mode! Mais plusieurs se demandent si c’est une mode qui persistera. Nos politiciens s’y associent volontiers, mais on doute toujours, avec raison, de leur sincérité à incarner vraiment les valeurs écologiques. Également, nos charmantes grandes entreprises, agissant bien sûr de manière désintéressée, y voient un attirant filon de marketing pour nous rassurer au sujet de la surconsommation. Cela dit, il suffit d’observer le moindrement la situation pour être désenchanté de notre néo-société écologique. […] Pour ma part, je me demande si je ne suis pas rendu une victime de cette mode [verte]. Je suis même rendu à m’indigner devant ma boîte de céréales! À part pratiquer mon pitoyable anglais, je ne comprends pas à quoi ces boîtes servent, puisque mes céréales sont déjà dans un sac. Regardez comme contre-exemple mes fragiles petites croustilles qui survivent si bien dans leur sac. Autrement dit, comment peut-on justifier l’élimination pure et simple de milliers d’habitats naturels, simplement pour diffuser à l’humanité une recette de carrés au Rice Krispies (guimauves, beurre et un peu de vanille). Vous me direz juste de ne pas en acheter, le boycott est un choix. Peut-être bien dans ce cas-ci.
En revenant du boulot, je retrouve dans mon courrier une revue que je n’ai jamais demandée et qui m’était spécifiquement adressée, soit la revue universitaire Contact! Chanceux vous aussi? Je parle ici du numéro spécial de 52 pages qui traite en primeur de «développement durable, priorité de l’Université». Wow! Ai-je besoin d’en dire plus? Vive la mode! Cela m’amène à viser plus haut, soit vers la direction de notre tendre université. Si vous vous cherchez une conscience écologique à la mode par les temps qui courent, voici une suggestion, chers amis gestionnaires: vous pourriez commencer par nous débarrasser de vos inutiles envois, non pas à chaque année, mais bien à chaque semestre de nos horaires en mutation, qui viennent avec des fascicules de je ne sais quoi comme le service de sécurité, du S.I.T., etc., que personne ne lit exceptés, j’imagine, les nouveaux étudiants. Suivent les enveloppes contenant nos joyeuses factures qui, nous le savons tous, sont accessibles sur le futur feu ADAGE. Ce ridicule gaspillage de papier devrait être une option cochée par défaut à «NON», ne croyez-vous pas? Est-ce trop compliqué de les envoyer par courriel? Même Hydro-Québec et Bell le font déjà. Comment un universitaire digne de ce nom pourrait-il s’y objecter? Chers administrateurs, allez, un peu plus de leadership en matière d’environnement. En fait, ce n’est pas et ça ne doit pas être une question de mode, mais de choix responsable. Au même titre qu’il faut que je m’y mette moi, aussi… au compostage.
Julien Cardinal
Étudiant en administration