Photo: François-xavier boulanger-nadeau
Le cadran sonne une fois, deux fois, une multitude de fois. La loi du snooze, la pire des dépendances. Pour profiter de ce doux plaisir, pourquoi ne pas mettre le réveil encore plus tôt? Neuf minutes après neuf minutes, le sacré bouton snooze donne un répit. Merde! Appuyé une fois de trop! Quelles sont les priorités? Déjeuner, me doucher, faire mon sac d’école ou préparer un lunch. Avec les deux yeux collés par une mince croûte formée par une trop courte nuit, la logique de l’étudiant dépendant s’impose.
Peu importe ce que j’ai à faire, je dois boire un café pour commencer ma journée. Pas le temps de faire chauffer l’eau? Pas de problème : il y a un Couche-tard près de l’arrêt d’autobus. Brillante idée, je n’aurai pas à faire de lunch puisque je pourrai me procurer un merveilleux sandwich tout sec en même temps. Ô jouissance de boire un bon café brûlant dans un bus rempli à craquer. Accroché à une vulgaire ganse de caoutchouc qui devrait me permettre de garder l’équilibre, je tente d’éclabousser uniquement mon visage.
Première moitié de cours, mon taux de caféine vient de chuter à un niveau dramatique. Mon écriture s’est ratatinée au point d’être illisible. J’ai besoin d’une nouvelle dose. Uniquement pour avoir de meilleures notes; le café n’a rien à voir avec le plaisir. Je dois faire la file au guichet, faute de ne pas avoir suffisamment de monnaie. Si j’avais pensé à apporter ma propre tasse, j’aurais pu aller au café étudiant m’abreuver pour 0,50 $, mais avec 20 $, la multinationale m’attend.
L’heure du lunch. Enfin, manger. La galette à 3 $ achetée à la cafétéria est déjà bien loin. Mon niveau d’éveil est stable, mais il vaut mieux ne pas prendre de chance. Grosse journée en perspective, aux grands maux les grands remèdes, une surdose de caféine est la solution : la sacro-sainte boisson énergisante, le meilleur ami de l’étudiant. Red Bull vous donne des ailes (oui mon œil, peut-être pour une fillette de 12 ans). Un jeune homme a besoin d’une dose massive: Monster, RockStar ou je ne sais quoi d’autre, ce sont les milligrammes de caféine que je regarde.
Me voilà prêt pour affronter le reste de cette périlleuse journée. Maintenant, je serai en mesure d’éviter de me planter un crayon dans l’œil en m’endormant subitement. À ma grande stupéfaction, si l’on peut être stupéfait en état de veille, l’effet du drink s’est dissipé rapidement. À bien y penser, est-ce que j’ai senti un quelconque effet? Aurais-je développé une résistance à la caféine? Vais-je devenir comme ces limaces boutonneuses à moustache molle qui passent leurs cours endormis sur leur bureau?
Heureusement, la lucrative industrie du drink énergétique a pensé à moi. Le NOS, la nouvelle bombe, contient tellement de caféine que le cœur se met à battre anormalement. La crise cardiaque m’attend au coin de la rue, mais au moins, je suis réveillé. Jour après jour, j’ai maintenant besoin de ma dose de NOS. La dépendance est totale, à mi-chemin vers les drogues dures, mais vendue en toute légalité. La cigarette, le pot, la vitesse en voiture… toutes ces dépendances font trop année 2002. Maintenant, pour être cool et faire partie de la gang, prend un NOS. Succès garanti.