Crédit photo : Justin Lang, La Presse Canadienne et Evan Buhler, Reuters

Affaire Paul Chiang : Un manque de leadership de M. Carney ?

Aux alentours du mois de janvier 2025, le député libéral Paul Chiang de la circonscription de Markham-Unionville a tenu des commentaires dans lesquels il proposait que Joe Tay, un candidat conservateur, soit emmené au consulat de Chine pour être livré aux autorités chinoises. M. Tay est un militant pour la démocratie à Hong Kong. Il a déjà sa tête mise à prix pour une prime de 184 000$ par les autorités de Hong Kong (sous contrôle chinois). M. Chiang avait proposé, afin de toucher ladite prime, de livrer Joe Tay à l’ambassade de Chine. Le chef libéral Mark Carney a volé à son secours, minimisant ses propos avant que Chiang lui-même prenne la décision de se désister.

Par  Nicolas Drolet, chroniqueur collaborateur

Les propos tenus par le député Chiang sont inacceptables. Aucun candidat ne peut tenir des propos de ce type, peu importe son parti. Cependant, Mark Carney n’a fait que déclarer que ces propos étaient « offensants » et « regrettables », ajoutant qu’il allait garder M. Chiang dans son équipe de candidats, puisque « ce dernier était conscient des impacts de ses propos et parce qu’il a servi sa communauté, pendant des années en tant que policier. » M. Chiang a cependant décidé de lui-même de se retirer quelques semaines après l’événement.

Un peu hypocrite de la part de Mark Carney de minimiser de tels propos, alors qu’il reprochait à Pierre Poilievre de ne pas prendre au sérieux les menaces d’ingérences étrangères dans son propre parti. Un récent article du Globe & Mail a pourtant démontré que, selon le SCRS (Service canadien de renseignements et de sécurité), rien ne prouve que cette « ingérence » aurait pu influencer le résultat, ni que Pierre Poilievre et sa garde rapprochée n’auraient pu être au courant de ces manigances indiennes, ni que celles-ci auraient été « organisées ».

Or, dans le cas de M. Chiang, il n’est pas question d’allégations ou de propos malheureux. Il s’agit de propos indignes venant d’un représentant du peuple et d’un ancien policier, dont la mission est de protéger et servir. En effet, comment un parti qui se veut rassurant concernant la sécurité des Canadiens, à savoir la sécurité nationale, et qui prétend lutter contre ce danger qu’est l’ingérence étrangère peut-il agir de façon aussi insouciante? De plus, il serait intéressant de se poser des questions sur une possible ingérence de la part de la Chine (ce qui n’est pas nouveau depuis 2021) dans les élections et surtout lorsqu’Affaires Mondiales Canada a révélé que quatre Canadiens avaient été exécutés par le régime chinois depuis le début de l’année 2025.

Cette réaction de M. Carney démontre une incapacité de condamner de manière ferme de tels propos et de prendre des actions qui, bien que drastiques, auraient été nécessaires. Ces actions auraient consisté en l’expulsion expéditive de Paul Chiang de l’équipe libérale. Cela aurait peut-être choqué le public canadien, mais ce n’était pas une maladresse ou quelques propos malheureux, puisqu’inciter à la livraison d’un militant pour la démocratie à des autorités totalitaires est une entorse considérable aux valeurs que le Parti libéral prétend prôner, mais aussi aux valeurs que le Canada prône, notamment la liberté d’opinion et d’expression. Ces propos font aussi preuve d’un irrespect complet envers les réfugiés politiques venant de Hong Kong. Pour lui, seules de plates excuses permettent de clore l’incident. S’il n’est pas capable de répondre avec fermeté contre de tels propos, peut-on imaginer comment il pourra négocier de façon ferme face à Donald Trump, qui ne tarit pas d’éloges à son égard, ou encore Xi Jinping ?

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