Critique CD – Ponctuation – Mon herbier du monde entier

Exercice de style réussi et c’est tout

Le rock garage signature du groupe de Québec Ponctuation est bien présent à travers différents effets de style musicaux et c’est bien efficace. Cependant, l‘harmonie de l’album est pénible et la voix écrasée par la distorsion du chanteur fait perdre toute la richesse de ce troisième album des frères Chiasson (Guillaume, guitares et voix, et Maxime, batterie). On sent tout de même une maturité dans la recherche musicale.

La référence de l’herbier se traduit par la délicatesse d’exécution de certaines notes de guitares qui teinte une atmosphère que l’on décrit ici (peut-être à tort) comme une influence surf. Le simple Fleur était d’ailleurs sorti en novembre dernier (on en profite pour souligner la qualité de la pochette). Malgré cette fragilité florale, on sent des rythmes plus graves à consonance de désespoir et de perdition même, en comparaison de leur dernier album La réalité nous suffit (2015).

Trois semaines, le premier titre nous embarque bien dans l’univers du groupe. La distorsion lo-fi d’un simili générique de film nous met dans l’ambiance, les riffs de guitare viennent nous chatouiller les tripes et on se prend facilement à jouer du air guitar. Une belle entrée en matière. Cependant, c’est aussi à ce moment qu’on subit ce choix de voix étrangement mixée, ce qui fait perdre toute la richesse des paroles francophones, la cerise sur le gâteau du groupe. 

On serait prêt à embarquer dès le deuxième titre, mais non. On nous offre une balade nonchalante avec des tonalités rock-surf et on fait du surplace. On continue à stagner avec Mi-Arcand Mi-Bovary sauf qu’au trois quart de la pièce, on a un pic de guitare sorti de nulle part qui se finit complètement étouffé. Qu’est-ce qui se passe? Sur Hortisculpture, on retrouve cette irrégularité, on pense que la pièce se termine, mais non. C’est vraiment particulier, car elle dure seulement deux minutes et on a l’impression du double. 

Pour la dernière pièce, Mode d’emploi, on change littéralement d’univers. D’abord, on est dans une brume semi-psychédélique puis elle s’évapore pour se transformer en ballade dynamique vers la fin. Original et intéressant certes ; mais très déstabilisant. Ces rythmes irréguliers sont comme la signature de l’album et ce n’est pas forcément un bon choix.

Nada Brahma cependant nous amène dans un rock psychédélique avec des tonalités florales. L’instrumental est solide, plus lourd avec la basse, la guitare nous ballote bien. On vit une belle expérience. La maîtrise des instruments et les diverses influences musicales exécutées sont vraiment de qualité sur cet album, il faut le souligner. Si on est musicien, c’est sûr qu’on y trouvera de l’intérêt, mais de manière globale pour un public moins connaisseur ce n’est pas évident. Pour un disque auto-produit par des passionnés, il n’y a pas a rougir bien au contraire.

2,5/5

Auteur / autrice

  • Alice Beaubien

    Les photo-reporters m'ont donné la passion du journalisme quand j'étais ado. Plus tard, j'ai fait du graphisme pour le journal étudiant du cégep Limoilou et j'ai ensuite commencé à écrire en commençant par des critiques d'art. J'ai développé ma plume dans cette section en arrivant à l'université. . Je scrutais aussi attentivement le travail de mes prédécesseurs et des journaux concurrents de manière régulière. . Un jour, j'ai décidé de me donner les moyens d'avoir ce poste alors j'ai pris un travail à temps partiel pour me payer un boitier plus décent et j'ai pris un café avec une ancienne pour avoir des conseils de qualité. . Deux semaines après avoir commencé, j'ai décidé de prolonger d'une session mon cursus en Design Graphique, car j'aimais trop mon travail. . En une semaine, les assignations varient de l'actualité étudiante sur le campus, des spectacles ou expositions ou encore du sport ou des rassemblements sociaux, c'est très stimulant pour l'âme et l'oeil. . Ah pis, c'est Alice B.E.A.U.B.I.E.N comme le métro à Montréal ou son cinéma. 😉

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