Porte close

La manifestation de la semaine dernière ressemblait à du porte-à-porte. La société a frappé à celle du gouvernement, sachant très bien que quelqu’un s’y trouvait derrière et est restée sur la pas, à poireauter en attendant une réponse. Comment se sent-on lorsque l’on fait du porte-à-porte à environ 200 000 personnes ? La porte ne semble pas bien solide et pourtant, aussi incroyable que cela puisse paraître, tout le monde s’est comporté de manière civilisée. Pas de vitre cassée, pas d’insultes, pas de violences. Et pour une fois, autant de négations dans une phrase en fait quelque chose d’incroyablement positif. On pourrait s’attendre à ce qu’une foule pareil soit trop grosse pour s’auto-gérer et pourtant.
Pourtant, tout porte à croire que les mouvements étudiants savent incarner les aspects profonds de la démocratie.
Parce que la démocratie, au delà du beau terme historique et de ses processus d’assemblées -qui sont quelquefois trahis et déformés- évolue grâce à la bonne volonté et, surtout, grâce à la discussion. Elle est finalement le premier recours à la non-violence, au dialogue, celle qui nous permet d’agir comme des gens civilisés qui donne leur opinion sans se taper dessus. Mais de l’autre côté de la porte, on dirait bien que ce n’est pas la même conception. 
D’après moi, c’est ce dernier point qui est tout simplement effarant. Dans n’importe quel pays, une mobilisation pacifique de cette ampleur aurait sonné une cloche. Comment se fait-il qu’ici il y a encore un refus de s’assoir à la même table ? Selon madame Beauchamp, cela reposerait sur le fait qu’une quarantaine de personnes ont envahies sont bureau. Donc, si je comprends bien, la rancune personnelle de la ministre passe avant son travail. S’ils ont été élus à leur poste de représentant de la population, c’est bien justement pour que la société profite de leurs forces et leur expérience. Pas pour que la plus haute instance en matière d’éducation soit paralysée par le point de vue personnel de sa chef.
À titre personnel, je vous demande donc, madame la ministre, de laisser de côté cette rancoeur, le temps de faire ce que la Politique est censé faire: rechercher le dialogue plutôt que de l’éviter, tendre une main au peuple qui vous a élu.

Écrit sur Genièvre de Sam Éloi

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