« Des excuses, des excuses, il ne veut même pas en donner, le salaud. »
Délicieux, le fil Twitter officiel de la Corée du Nord. Pendant que la communauté internationale retient son souffle et fixe Pyongyang, il y a un responsable des communications nord-coréen qui se vide le coeur. Terminée la retenue sur les médias sociaux, en voilà un gouvernement qui lâche son fou.
Vengeance, trahison, provocation, on n’y va pas de main morte. Dallas et Top modèles n’ont qu’à bien se tenir, on a le sens du mélodrame au nord de Séoul. On chigne comme des pros là-bas. Et quand Kim Jong-Un est fâché, on s’arrange pour que ça paraisse.
Ce qui est intéressant là-dedans, c’est que l’illogisme belliqueux de Pyongyang se prolonge jusque sur Internet. Difficile de piger les motivations exactes de la petite dictature. On tire des menaces un peu partout, un peu n’importe comment. On brandit la menace d’une guerre « thermonucléaire » alors que les États-Unis survolent en avions militaires la Corée du Sud. En simplifiant au maximum, on pourrait dire que le « Chef suprême de la République populaire et démocratique de Corée » cherche uniquement à prouver son existence aux yeux du monde. « Eille, eille, ici, ici ! Moi aussi je suis capable ! » Ah, la crise de la trentaine.
La Corée du Nord dit posséder l’arme nucléaire. Pourtant, beaucoup semblent croire que Kim Jong-Un a plutôt sorti ses Mega Bloks et tenté de reproduire deux ou trois plans de fusée atomique. Qui dit vrai ? À ce point-ci, sans être trop défaitiste, on pourrait dire que la réponse nous viendra sous peu. Cela dit, si j’avais un petit cinq à mettre en jeu, je parierais sur la survie du peuple américain. Pas que Kim n’est pas convaincant, sauf que…
À lire sur les plus récents éclats de Pyongyang, j’ai l’impression d’assister à la perte de contact avec la réalité d’un jeune mésadapté social en quête d’attention. Dans une cour d’école, pour ajouter à l’image. Se faire voir et entendre, au risque de faire péter la moitié de la planète.
Il y a des limites à vouloir faire du bruit, si ce n’est que pour agiter nos casseroles neuves. Où est-ce que la Corée du Nord veut en venir avec ses vidéos de propagande « cheaps » et ses défilés militaires qui semblent mis en scène pour le théâtre d’été ? Je me demande si quelqu’un quelque part au gouvernement réalise le peu d’impact qu’ont ces manifestations à l’international, si ce n’est que fournir en matériel les émissions satiriques d’informations.
Tout de même, si on rit beaucoup de Pyongyang ( j’en fais d’ailleurs un devoir quotidien ), la situation actuelle est tendue et mérite d’être prise au sérieux. Parce que si les missiles de Kim Jong-Un risquent de se transformer en pétards mouillés, la riposte occidentale, elle, ne sera certainement pas douce.
Reste donc à espérer que les esprits se refroidissent et que l’impasse se dénoue. Mais pour cela, il faudra que le leader « suprême » nord-coréen se trouve un joujou autre que les nerfs d’Obama. Et ça, malheureusement, je doute fort qu’il en soit capable.
Parce que si les missiles de Kim Jong-Un risquent de se transformer en pétards mouillés, la riposte occidentale, elle, ne sera certainement pas douce.
Raphaël Lavoie