Des amours au temps du numérique

Margaud, 25 ans, en couple, croit en la fidélité, n’a jamais téléchargé Tinder sur son téléphone intelligent. À lire cette description digne des AA, ou RA (pour « romantiques anonymes »), je ne colle absolument pas à ma « génération » (guillemets). Cette même « génération » qu’a voulu dépeindre Sophie Lambert dans le documentaire L’Amour au temps du numérique, diffusé la semaine dernière à Télé-Québec.

À lire les thread Facebook et autres chroniques, je ne suis pas la seule à être sortie de mes gonds au visionnement de ce qui est tout sauf un travail journalistique digne de ce nom. Pas besoin d’avoir 40 années de métier derrière la cravate pour se rendre compte que son « échantillonnage » est plus que biaisé, tout comme beaucoup les entrevues réalisées. 6 personnes de moins de 25 ans avec qui je n’ai peu ou prou de ressemblance, du moins dans ce qu’il fallait montrer : ou comment pogner grâce à son cell.

Car moi – et je peux l’affirmer une grande partie de mon entourage – je ne me lève pas le matin pour refaire ma shape au gym afin de mettre mon corps en valeur sur les réseaux sociaux. Je ne fréquente pas les salons de bronzage, et tiens encore moins de listes de mes aventures d’un soir.

Attention, je ne veux pas me faire moralisatrice ici. Oui, moi aussi, mon cellulaire est l’extension presque naturelle de mes mains. Oui, j’ai déjà utilisé les réseaux sociaux pour entretenir un flirt. Oui, le numérique fait désormais partie de notre palette d’outils dans nos joutes séductrices ou amoureuses. Mais non, notre « génération » ne s’écorche pas les pouces à longueur de journée sur Tinder et ne consomme pas l’amour, ou plutôt le sexe, uniquement à travers ces réseaux et de manière compulsive, ou désabusée.

J’avoue qu’il fallait sûrement montrer des exemples caricaturaux pour réussir à mettre le « doigt sur sur le bobo », et décrire ce « malaise » que plusieurs ont à l’égard de ces technologies. Les discours sans filtre des protagonistes ont eu le mérite d’enlever une partie du « mystère » de la culture du hook-up. Mais leur généralisation est insoutenable.

Ma vie sentimentale lui semblerait plate à mourir, à cette « génération ». Mais, je peux affirmer que l’amour au temps du numérique, ce n’est pas cela.

Margaud, 25 ans, non-nymphomane, et fière de l’être.

Auteur / autrice

  • Margaud Castadère-Ayçoberry

    Derrière ce nom imprononçable aux accents d’outre-Atlantique, cette bordelaise rêve d’ici et d’ailleurs. Récemment graduée en journalisme international, elle poursuit une maîtrise en relations internationales. Journaliste active et enjouée, elle est constamment en quête de nouveaux sujets. Friande d’actualités, elle est aussi à l’aise dans une salle de rédaction, dans un studio de radio, ou à une terrasse de café. Malgré sa petite taille, elle sait se faire entendre et avec elle… le monde bouge !

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