Hubert Gaudreau
J’ai observé un phénomène incroyablement distrayant cette fin de semaine, mais aussi drôlement inquiétant. C’est une sorte de folie collective, une incohérence dans l’émotif des Québécois. Je fais référence ici à un événement survenu dimanche dernier lors de l’émission Tout le monde en parle où était reçu le désormais célèbre Lino Zambito. Reçu est un mot peut-être un peu trop faible, car ceux qui ont pu voir l’entrevue en question ont dû constater comme moi que le bandit s’est vu acclamer par les gens dans la salle. Pour quelle raison? Probablement parce qu’un animateur de foule brandissait devant l’assistance un panneau leur demandant d’applaudir.
Avouez que c’est un peu déroutant de voir à quel point un peuple tant avide de vérité endosse le vice de cette façon. Allons-nous applaudir avec autant d’enthousiasme les minières étrangères lorsqu’elles auront pillé et dévasté toutes nos ressources? Allons-nous applaudir tout ceux qui passeront devant les caméras, sous seul prétexte qu’ils sont devant les projecteurs ?
Ironiquement, une bonne partie de la population s’est opposée au mouvement étudiant avec une telle ardeur qu’à certains moments on entendait des gens huer des manifestants, allant jusqu’à l’altercation. Peu importe notre position face à l’enjeu des frais de scolarité, il faut reconnaître le désir d’émancipation des jeunes Québécois qui se sont levés lors du printemps dernier. Notons de plus que le coût de la gratuité scolaire s’élèverait à 750 millions de dollars alors que la corruption en coûte près de 4,5 milliards chaque année pour les contribuables québécois.
C’est donc légitime de se questionner sur ce qu’il faut réellement applaudir, car même si M. Zambito fait la une de presque tous les journaux depuis une semaine, ça ne lui confère pas le statut de héros. Une chose est sûre, c’est que cette semaine, je n’applaudirai pas le bon sens des Québécois, car il ne mérite que mon silence.