Je vote pour le droit de chiâler

Je fais partie de cette fameuse génération qui se cherche dans cette classe politique. Je suis pris en portefeuille entre la nunuche qui ne sait pas qui est le Premier ministre du Canada et l’anarchiste ultra-cynique qui décide de ne pas voter.

En 2011, le taux de vote des jeunes âgés entre 18 et 24 ans était de 38,8 %. Le taux de participation global était de 61,1 %. C’est une différence de plus de 20 %. Une différence générationnelle qu’on me dit, mais une différence marquée quand même.

Mais surtout une différence dramatique pour une génération qui tente de se faire entendre par les élites de ce pays qu’on voit de plus en plus s’éloigner des valeurs qu’on lui a toujours connues.

En tant que « jeune », je suis attristé de voir que ma génération s’égare et ne se retrouve pas (ou plus) dans la classe politique.

En même temps, je peux comprendre. Même si je vote religieusement depuis que je suis en mesure de le faire, je comprends que je fausse la donne.

Je suis journaliste, politisé depuis bien longtemps, je suis la politique avec attention.

Même si je suis jeune.

Les jeunes ne sont pas représentés au sens où on ne parle pas d’eux. Je n’ai pas vu de promesses qui m’interpellent depuis le début du mois d’août. Aussi louable que ce soit, une baisse d’impôts ne me concerne pas. Je ne paie pas d’impôts.

Le taux de chômage des jeunes est historiquement plus élevé depuis la récession de 2008-2009. 14,3 % chez les jeunes de 15 à 25 ans versus 6 % pour les adultes de 25 à 54 ans. La reprise économique suivant la récession ne fait pas exception à cette tendance. Mais les chefs de partis semblent éclipser cet enjeu.

Les partis ont fait certaines promesses. Le PLC promet 40 000 emplois chez les jeunes par année pendant trois ans et le NPD promet la création de 40 000 emplois chez les jeunes en tout. Le PCC, lui, parle de 1,3 million d’emplois toutes tranches d’âges confondues. Il ne les oublie pas les jeunes, oh non ! Mais il n’en parle pas non plus.

On ne parle pas des jeunes parce que politiquement ce n’est pas payant. Et les jeunes ne votent pas parce qu’on ne parle pas d’eux.

Cercle vicieux qui enlise le Canada globalement, mais également chaque province individuellement dans une marre de cynisme.

C’est compréhensible, mais pas excusable pour autant. La personne qui ne prend même pas la peine de se déplacer, ne serait-ce que pour annuler son vote, perd le droit de dire que ce qui se fait est triste, pathétique ou simplement de la merde.

Et au final, même si je suis politisé et intéressé, moi aussi je me sens oublié par les partis politiques canadiens.

C’est pour ça que je vote. Je vote pour avoir le droit et la légitimité de dire à nos politiciens : « dehors ! »

Moi, je vote.

Auteur / autrice

  • Mathieu Massé

    Je suis bachelier en journalisme et détenteur d'un certificat en science politique de l'Université Laval. Je fais du journalisme depuis aussi longtemps que je me souvienne. Anciennement chef aux actualités et aux sciences et techno à Impact Campus. Maintenant recherchiste à MAtv et pigiste dans différents médias, je n'arrête pas souvent de travailler. Quand c'est le cas, c'est pour m'empiffrer de série télé et des nouvelles découvertes que Netflix m'envoie en pleine figure.

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