36 %, c’est le résultat des intentions de vote que récolterait le Parti libéral du Canada au Québec avec Justin Trudeau à sa tête selon un sondage paru à la fin octobre. Cela reviendrait à une première place devant le Bloc québécois, le Parti conservateur et le Nouveau parti démocratique pour le PLC. Mais rien n’est joué pour le parti qui se cherche actuellement un 7e chef en moins de 10 ans, et qui, de surcroît, doit se contenter du statut de deuxième opposition depuis l’élection du 2 mai 2011.
Mais en dehors du fait qu’il soit très connu ( principalement pour être le fils de Pierre Elliott Trudeau, ancien premier ministre du Canada ), qui est vraiment Justin Trudeau ? Il a des beaux cheveux, fait des apparitions où il est heureux d’être heureux à Tout le monde en parle et a réussi à mettre K.O. un sénateur conservateur particulièrement arrogant dans un combat de boxe. Mais au-delà du personnage public attachant pour les Canadiens, et qui semble maintenant l’être pour les Québécois, que représente-t-il ?
Eh bien Justin, c’est le fils de son père. L’exemple typique du Canadien qui ne pense pas que le Québec est une nation, mais une province comme les autres. Il est de ceux qui croient que le fait de voir le Québec comme une entité différente relève du sacrilège et d’un favoritisme injustifiable pour le reste du Canada.
Celui-ci semble peu conscient du fait que reconnaître cette différence ne veut pas nécessairement dire donner plus au Québec, mais simplement adapter les politiques canadiennes de façon à respecter davantage cette spécificité québécoise. Il ne semble pas non plus avoir réf léchi au fait que cela n’enlèvera rien aux autres provinces et ne risque pas de faire exploser son précieux Canada. Au contraire, cela pourrait avoir l’effet inverse pour bien des Québécois qui pourraient trouver la souveraineté moins attrayante devant un peu plus d’ouverture d’esprit à leur endroit.
Le Parti libéral du Canada a besoin du Québec s’il souhaite un jour revenir au pouvoir. L’Ouest est et restera conservateur, la remontée du Parti libéral passe donc inévitablement par l’Ontario et le Québec. Malheureusement pour lui, le présumé futur chef du Parti libéral n’a pas compris que pour avoir les Québécois, à long terme, il faudrait plus qu’une opération de séduction publique ou des vidéos de présentation « bilingual ». Pour y arriver, il devra nécessairement faire preuve d’engagement et de respect envers la nation québécoise.
Si Justin Trudeau a gagné son premier match de boxe contre le sénateur Brazeau il y a quelques mois en réajustant le tir après le premier round, il doit faire de même pour sa stratégie québécoise. S’il ne s’y met pas dès maintenant, c’est Thomas Mulcair qui remportera la victoire au Québec aux prochaines élections et la défaite fera très mal.
Rosalie Readman