Je n’ai jamais été de ceux qui aiment répéter l’expression : « Élections, piège à cons ! » Je n’ai jamais vraiment partagé le désespoir de ceux qui ne se sentent pas représentés par les partis politiques.
Ce n’est pas dire que je suis en complète osmose avec un ou l’autre des actuels partis. C’est tout simplement que je comprends que ces organisations sont faites pour rejoindre des masses de millions d’électeurs et que je ne me sens pas de vocation à l’universalité dans mon individualité.
On peut donc dire que je suis quelqu’un de plutôt accommodant. Pourtant, je suis bien incapable d’avoir le moindre intérêt en la démocratie étudiante.
Si j’avais à comparer ma relation avec elle, je crois que je la comparerais avec celle que j’entretiens avec l’Église catholique. Je sais que l’institution existe, mais je ne crois en aucun de ses dogmes. Je suis un athée qui n’a jamais été un véritable pratiquant. Jadis, j’allais à la messe de Noël sans aller à celle du dimanche comme j’allais aux assemblées générales de grève sans aller aux autres.
Puis le temps faisant ce qu’il fait toujours, c’est-à-dire passer, j’ai cessé d’aller à la messe de Noël ainsi qu’aux assemblées générales de grève. Il faut toutefois admettre, à la défense de l’Église catholique, qu’elle au moins laisse derrière elle de beaux bâtiments remplis d’œuvres d’art et que ses prêtres sont souvent bien moins pontifiants que certains orateurs en assemblée.
Qu’on me comprenne bien, je ne suis pas du tout contre la politisation des associations étudiantes. Bien au contraire ! Mais comment ne pas être lassé par leur système de fonctionnement qui semble emprunter aux Byzantins et par leurs interminables discussions sur le sexe des anges ? En plus, comme si cela ne suffisait pas, il y règne un certain manichéisme qui vient saper ce que l’exercice du débat pourrait avoir d’intéressant.
Toutefois, je crois que ce qui porte le coup de grâce à nos « Assos » et à leur système démocratique, c’est le véritable manque d’imagination qui les caractérise. On pourrait croire que les étudiants universitaires qui sont, nous dit-on, l’avenir de notre nation trouveraient des moyens de pression plus ingénieux que le simple fait de ne pas se présenter en classe pendant quelques jours.
Un auteur dont j’oublie le nom disait que le génie de classe de la bourgeoisie était bien supérieur à l’addition de l’intelligence de tous ses membres. Ce n’est visiblement pas le cas du génie estudiantin, sauf lorsqu’il est question d’expliquer qu’un référendum n’est pas vraiment démocratique ; alors là on y déploie des trésors d’imagination.
Si Chateaubriand voulait prouver que « le christianisme vient de Dieu parce qu’il est excellent », espérons que les étudiants ne nous prouveront pas que leur démocratie ne va nulle part parce qu’elle est banale.