Photo : Elia Barbotin

La grande énigme de la démocratie étudiante

La semaine dernière, Impact Campus faisait état du manque d’implication et de participation qui a actuellement cours au sein de la CADEUL, leur dernière assemblée générale ayant manqué de quorum après moins d’une heure. Ce désintérêt généralisé des étudiant-e-s de premier cycle envers leur association de 1er cycle est présenté comme une énigme difficile à résoudre, « une chose complexe ».

Étant amateur de romans de détectives, j’ai décidé de me pencher sur ce mystère, tel un Colombo étudiant.

1ère hypothèse: Se pourrait-il qu’une assemblée qui a lieu le jeudi sur l’heure du dîner, et qui commence généralement 30 minutes en retard, puisse être peu invitante pour les gens qui ont des cours à 12h30 ?

C’est une hypothèse osée, j’en suis conscient, mais il me semble que, peut-être, les étudiant-e-s de premier cycle ne soient pas prêt-e-s à rater un cours pour délibérer sur un budget ? La problématique avait été soulevée durant l’assemblée générale de 2015, mais visiblement la CADEUL a jugé que c’était une hypothèse erronée.

2ème hypothèse: N’est-il pas impossible que les étudiant-e-s de premier cycle n’aient pas envie de s’impliquer dans une association qui n’agit pas dans leur intérêt ? C’est osé, mais peut-être que nous ne voyons pas pourquoi nous devrions développer un sentiment d’appartenance à une organisation qui ne confronte pas la direction quand celle-ci ferme le programme d’ethnologie ou de muséologie.

Peut-être les membres de la CADEUL pensent-ils qu’elle ne se préoccupe pas des étudiant-e-s quand elle ouvre un restaurant gastronomique, tandis que certain-e-s de nos camarades doivent se nourrir de ramens à cause de la précarité de leur situation.

Peut-on penser que les femmes de premier cycle se contrefoutent des assemblées générales d’une organisation qui a mis une semaine avant de publier un communiqué de soutien lorsque 12 étudiantes ont été agressées sexuellement l’an dernier sur le campus ? Non, ça ne doit pas être ça, puisque la CADEUL « réussit à avoir une bonne représentation de la voix étudiante » .

3ème hypothèse: Peut-être, c’est tiré par les cheveux je sais, que les étudiant-e-s de premier cycle ne voient pas vraiment la pertinence de se taper les instances décisionnelles d’une association qui ne respecte les décisions de ses membres que quand ça l’arrange.

Peut-être qu’après avoir constaté que, suite à la victoire du Non au dernier référendum d’affiliation à l’UEQ, la CADEUL a continué d’aller aux rencontres de l’UEQ pour éventuellement ramener sur la table l’affiliation à celle-ci, les gens se sont rendu compte que la démocratie cadeulienne est autant démocratique que le système parlementaire russe de 1905 («C’est le fun vos affaires de votes, mais nous autre on a un prêt de 15 000$ qui nous lie à l’UEQ…»).

Peut-être que les étudiant-e-s n’en ont rien à foutre de jouer un rôle de figuration dans une démocratie où les décisions importantes se règlent en conseil d’administration, à huis clos s’il le faut.


Mais en fait non, ça doit être parce que les jeunes de nos jours ne croient plus en rien et sont cyniques, ou quelque chose du genre.

André-Philippe Doré

Étudiant en études anciennes à l’Université Laval

Auteur / autrice

  • André-Philippe Doré

    Actuellement au baccalauréat en Études anciennes, André-Philippe fut rédacteur en chef du journal étudiant du Cégep Limoilou et blogueur pour le Huffington Post avant de joindre les rangs d'Impact Campus. Ses sujets de prédilection sont variés, malgré qu'il ait un faible pour les bandes dessinées, la lutte et Ramdam.

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