Vous le voyez comme moi, j’en suis certain. Depuis quelques semaines, voire quelques mois, une nouvelle race de politisés a fait son apparition, au Québec. Ce sont les «anti-paulinistes» ou, si vous préférez, les homo aimepaspaulinus. Ces gens politisés, très loquaces, ne se gênent pas pour accuser la Première ministre de tous les maux du monde et même, à l’occasion, faire des liens très étranges entre néo-nazisme et le paulinisme. Étrange? Certainement. Pourtant, cette strate politique semble prendre de l’ampleur, jour après jour.
Détrompez-vous, l’auteur de ces lignes lui-même est assez déçu du gouvernement actuel. Les mouvements de va-et-viens sociaux comme économiques sont devenus chose courante et on a l’impression que le Parti québécois a fait quelques erreurs de calculs avant d’annoncer ses engagements à la population. On lui attribue, entre autres, ses reculs par rapport au régime de redevances sur les ressources naturelles, sur le pétrole d’Anticosti, sur l’éducation, sur le niveau de taxation des riches, etc.
Ceci dit, il faut aussi reconnaître que ce gouvernement a mis en place des mesures concrètes qui sont plus que les bienvenues. On pense à la loi 1 sur l’attribution des contrats dans le secteur de la construction. On pense aussi aux scrutins à date fixe pour éviter les «agace-élections» du printemps 2012 qui sont, soit dit en passant, très coûteuses pour le trésor public québécois. On pense à la loi sur les soins en fin de vie en lien avec la commission «Mourir dans la dignité». On pense aussi au projet de souveraineté alimentaire qui aidera les agriculteurs québécois à composer 50% des aliments de l’assiette québécoise moyenne. Quoi qu’on en pense et quoi qu’on en dise, il est tout à fait vrai que ce gouvernement en a fait plus en 9 mois que le gouvernement en a fait en 9 ans tout en étant majoritaire.
Est-ce parfait? Bien sûr que non. Il y a de ces moments où on veut s’arracher les cheveux sur la tête en disant «c’est pas ce que vous aviez promis!». Mais soyons francs: l’opposition n’aide pas du tout le gouvernement actuel. Pensons à la CAQ qui a voté contre la Banque de Développement Économique du Québec alors qu’elle proposait elle-même une entité à guichet unique pour les entrepreneurs durant la campagne électorale. Ça n’avait pas le même nom, mais c’était pas mal la même chose. On peut aussi penser au PLQ qui a failli faire dérailler le projet d’élections à date fixe sous prétexte que la date choisie pouvait tomber sur une fête religieuse juive…sans demander à la communauté juive elle-même ce qu’elle en pensait. La face que M. Couillard a dû faire quand les représentants juifs ont dit «on ira voter par anticipation, comme tout le monde, pis c’est tout» devait valoir cent piasses.
Ceci dit, aucun gouvernement n’a été parfait dans l’Histoire de l’Humanité, surtout pas lorsqu’il est minoritaire.
Ce qui nous amène vers cette douloureuse question: «pourquoi l’anti-paulinisme»? Rappelons-nous de l’époque où le PLQ a vendu, en douce, le sous-terrain québécois pour le schiste. Je ne crois pas avoir vu la moitié du manque de respect aperçu pour Mme Marois. Oh!, et l’anti-paulinisme a quelque chose d’étrange: on ne dit pas «Mme Marois». On dit «Pauline, la Marois, la Castafiore, Sa mère Marois», etc.
Est-ce par sexisme? Sommes-nous encore ancré dans les vieilles idées machistes qui nous font dire qu’une femme ne peut faire le travail d’un homme?
Parce que si vous avez manqué la chose, ça va pas mal bien économiquement, au Québec. La quantité de capital-risque sur l’Île de Montréal s’est vue décuplée depuis l’arrivée au pouvoir du Parti québécois et nous avons appris hier que les actions québécoises valaient actuellement beaucoup plus cher que celle du reste du Canada, en 2013. Comme quoi y’avait pas que la Saint-Jean-Baptiste à célébrer.
Mais non. «La Marois» veut pas imposer de loi spéciale pour stopper la grève des travailleurs de la construction, la maudite. Principalement parce qu’elle sait ce que ça provoque, une loi spéciale. D’ailleurs, François Legault devrait s’en rappeler, du temps qu’il était ministre des finances au Parti québécois…«La Marois» est donc molle, elle manque de colonne, elle n’a pas de courage. Pis elle parle mal anglais, en plus. «Ça’ti du bon sens?!», de dire l’anti-pauliniste qui peine lui-même à conjuguer ses actions au passé composé.
Eh oui!, l’anti-pauliniste exagère à ce point-là. Pire: il est prêt à ramener le gouvernement précédent, celui qui ne propose rien de nouveau à part le visage du chef, quitte à balayer tout ce que «La Marois» a fait de bon depuis septembre. Oui, ce même gouvernement qui ne s’est pas gêné pour augmenter la dette brute du Québec de 33% en 9 ans, ces champions de l’économie (soupirs). Je pense même que si Mme Marois arrivait avec un remède contre le cancer, l’anti-pauliniste aurait l’audace de lui demander, avec un air moqueur, si son remède est capable de parler anglais, lui.
Je crois personnellement qu’on peut en vouloir au Parti québécois de ne pas avoir tenu leurs engagements au risque d’être défait par l’opposition. Ça, je l’accorde. Mais on ne peut en vouloir au Parti québécois d’avoir récupéré un État qui avait un manque à gagner de 1,6G$ à la mi-année 2012, en pleine crise étudiante, en pleine Commission Charbonneau, en plein cynisme populaire (très compréhensible, d’ailleurs), alors que le monde municipal crève l’abcès et en pleine période d’incertitude économique mondiale.
Frileux sur la souveraineté du Québec? Pour ça, oui. Mais je pense que l’anti-pauliniste aurait intérêt à prendre son gaz égal avant de pointer «la Marois» pour tous les problèmes du monde. Vous savez, les neuf années libérales ont laissé des traces et même s’il n’est plus au pouvoir, ses actions demeurent difficiles à effacer. Ce sera long, ce sera quelques fois pénibles, mais ce sera surtout nécessaire.
J’ai vu les sondages. 38% pour le PLQ, largement majoritaire s’il y avait des élections demain matin. Allons-nous réellement réélire le gouvernement qui nous a mis dans ce pétrin en premier lieu sous prétexte que «la Marois, tsé»?
Si oui, on pourra vraiment dire qu’on a les gouvernements qu’on mérite.