Cette semaine j’écris mon dernier éditorial de l’année. Peut-être même le dernier de mon existence, compte tenu du fait qu’une xième fin du monde est à prévoir pour le 21 décembre prochain. Un dernier éditorial en cette année de troubles sociaux, d’élections et de chaos mondial. Il me reste donc peut-être une seule et unique chance de pouvoir étaler sur la place publique mon opinion, pour aussi peu qu’elle puisse valoir. Mais cette semaine je ne profiterai pas de l’occasion pour le faire, j’envisage plutôt de vous entretenir sur quelque chose de bien plus grand que ma simple façon de voir les choses.
Regorgeant de trésors infinis, Internet m’a permis cette semaine de constater l’ampleur de quelque chose qui me pend sous les yeux depuis l’aube de mes jours. Je parle ici d’un concept bien abstrait pour l’homme et qui le demeurera probablement toujours, car c’est ce qui le caractérise : l’imbécillité. Oui, l’imbécillité gangrène désormais notre race. Et ce n’est pas seulement en voyant sur Youtube un jeune homme qui, en tentant de sauter par-dessus une clôture de dix mètres, passe à deux doigts de se castrer sur le lampadaire de l’autre côté qu’on peut établir ce constat. Vous n’avez qu’à observer les stationnements des centres commerciaux ces jours-ci, ils sont pleins à craquer. Et pourquoi ça ? Pour la même raison qui motive le jeune homme de la vidéo, parce que nous sommes tous des imbéciles à nos heures.
Le compte à rebours du temps des fêtes est enclenché, on est dimanche après-midi, vous n’avez pas besoin de fréquenter souvent les centres d’achats pour savoir qu’ils seront pleins. Eh bien malgré tout, des milliers de consuméristes assoiffés de « bébelles » foncent vers les magasins s’empiffrer des dernières nouveautés. Et ce avec presque autant d’énervement qu’un jeune Éthiopien mettrait à manger la bûche de Noël de trop que vous avez dû jeter l’an dernier puisqu’elles venaient en paquet de quatre au Costco et que vous n’avez pas pu la manger. Et au final, on trouve assez d’inspiration au fond de nous-mêmes pour se plaindre du manque de stationnement dans ces « mégaparcs » à voitures qui polluent le paysage urbain. Bref, la routine des fêtes.
Bien qu’on soit tous profondément infectés par ce fléau intellectuel, il y a selon moi trois types d’imbéciles. Commençons par le plus commun, l’imbécile heureux. Une majorité de gens le sont, ils posent des gestes complètement irréfléchis et ne s’en rendent pas compte. La majeure partie du temps, ils le sont toute leur vie et vivront dans l’illusion constante. La plus douce forme d’imbécillité à mon avis. Le deuxième type est quant à lui un peu plus sévère. Il s’agit de ces gens qui, comme moi, croient ne pas l’être, et qui au final le sont presque plus que tous les autres. Et le troisième consiste en cette catégorie de gens qui sont conscients de leur imbécillité, mais qui ne parviennent pas à amoindrir les répercussions de leurs élans de stupidité.
Il y a peut-être une lueur d’espoir pour ceux qui viennent de s’apercevoir de l’ampleur du problème. Dites-vous qu’à chaque fois que vous posez une action complètement imbécile, quelqu’un d’autre en posera nécessairement une autre quelque part dans le monde. Vous pourrez ainsi vous dire que vous n’êtes pas seul. ( Désolé, c’est le mieux que j’ai pu trouver. )
Sur ce, je vous souhaite un heureux magasinage et un joyeux temps des fêtes, on se retrouve en janvier si l’avenir le veut bien et qu’une comète ne frappe pas la terre dans les semaines qui suivent.
P.-S. Finalement, je n’ai pu me retenir et l’opinion aura transcendé la démonstration, car c’est probablement la façon la plus efficace d’attirer l’attention d’un imbécile.
Hubert Gaudreau