Cette session, les étudiant(e)s de l’Université Laval seront appelé(e)s aux urnes afin de se positionner sur la question du laissez-passer universitaire (LPU), une entente permettant à tous de bénéficier gratuitement des services du Réseau de transport de la capitale (RTC) et du Service de transport de Lévis (STLévis) pendant l’année scolaire, moyennant une contribution de 120 $ par session ajoutée à la facture universitaire.
Pour comprendre les différentes implications financières dans le détail, je vous invite à lire notre couverture complète de l’annonce des deux associations étudiantes de cycle en page 3 de cette édition.
Ce que je vous propose ici, ce sont trois manières d’appréhender cette forme de collectivisation du transport en commun. Qu’avons-nous à gagner comme étudiant(e)s et citoyen(ne)s ? Peut-on s’inspirer de telles mesures pour repenser notre rapport à la ville ?
Le pragmatique
Avec le LPU, les étudiant(e)s qui détiennent déjà un laissez-passer étudiant du RTC réaliseront une économie d’environ 25 $ par mois. Pour ceux et celles qui habitent la rive-sud de Québec, ce sont près de 80 $ par mois qui seront sauvés. Fait non-négligeable particulièrement si on considère la part importante du trafic quotidien entrant qu’ils et elles représentent.
Une trentaine de dollars par mois équivaut par ailleurs à environ 10 passages uniques RTC, soit un peu plus de deux par semaines. Les personnes qui ne sont pas bénéficiaires du service mais qui l’utiliseraient à l’occasion rentabiliseront assez vite cet investissement, lors de soirées arrosées, ou simplement en sauvant du temps et de l’argent lié au stationnement au centre-ville.
Finalement, la comparaison n’a pas besoin d’être longue entre la voiture et le LPU pour mettre en lumière les économies possibles. Le coût du stationnement sur le campus (au minimum 260$ par session) et le prix de l’essence(estimons le plein à 50$ par semaine), à eux-seuls, s’élèvent à plus de quatre fois le prélèvement proposé sur la facture étudiante.
L’idéaliste
L’environnement, c’est l’avenir. Socialement, mais surtout économiquement. Condition planétaire oblige, la transition énergétique est à nos portes et est une possibilité unique de créer des emplois de qualité. La collectivisation des services de transport s’inscrit pleinement en ce sens.
Dans un monde idéal, cette mesure réduirait drastiquement le parc automobile de la ville de Québec, minimisant notre impact environnemental. Faisons l’effort d’imaginer un autre rapport à la ville, en multipliant les façons d’occuper l’espace et de se déplacer. La marche et le vélo, d’abord pour sa santé puis pour l’environnement, mais aussi l’autobus et le tramway, qui réduisent l’emprunte écologique en plus de favoriser des déplacements plus actifs.
Le pétrole (voire, la voiture électrique) est un cul-de-sac duquel on doit se sortir. Ne manquons pas l’occasion d’amorcer ce legs aux générations futures.
Le cynique
En définitive, appuyer un projet comme le LPU peut aussi être une façon de poser un geste désintéressé pour l’environnement. En faisant comme seul effort d’assumer certains frais à chaque session, il est possible pour un étudiant ou une étudiante de garder son mode de vie et de faire une différence, de garder sa voiture mais de ne pas nuire au transport collectif.
Il s’agit aussi d’une occasion de faire un petit pied de nez à l’administration universitaire, qui évoque l’autosuffisance du projet pour justifier de ne pas investir directement dans le LPU.
Imaginons finalement quelques secondes la réaction de certains animateurs de radio devant une telle mesure «communiste». À quand la prochaine surprise dans le village Gaulois ?