Photo : Pierre-Yves Laroche

5 questions sur les changements climatiques

La météo étant l’un des sujets de discussion préférés au Québec, les importants écarts de température des dernières semaines ont beaucoup fait réagir. Impact Campus a profité d’une table ronde portant sur le sujet jeudi dernier à la Salle Hydro-Québec pour s’entretenir avec le co-coordonnateur du programme Environnement nordique d’Ouranos, Robert Siron.

Q : Les écarts extrêmes sont-ils une conséquence des changements climatiques?

R : D’abord, il faut faire la distinction entre les changements climatiques qu’on observe sur du long terme et la variabilité climatique qui a toujours existé. La variabilité peut augmenter dans le temps, mais là on ne peut pas vraiment dire que c’est à cause des changements climatiques. Par contre, si, avec le temps, vous observez une tendance au réchauffement des températures ou à une diminution ou une augmentation des précipitations sur des périodes de plusieurs dizaines d’années, ça c’est effectivement relié à une tendance à long terme et donc à un changement climatique. La variabilité climatique, on a tendance à l’oublier, mais ça a toujours existé.

Q : Quelles conséquences pourrait-il y avoir pour le Québec

R : Ce que l’on pense éventuellement, c’est que, surtout dans l’extrême Sud du Québec, peut-être plus la région de Montréal que Québec même, la région va se retrouver à cheval entre le plus et le moins. Donc, en hiver, ça va causer peut-être un peu plus de périodes de gels-dégels, de périodes de pluies verglaçantes, ce genre de choses. Alors que, historiquement, dans le passé, c’étaient des températures peut-être plus froides, donc il y avait moins de risques de pluies verglaçantes. Si on observait de plus en plus ce genre de phénomènes avec le temps, on pourrait un moment donné relier ça à une tendance des changements climatiques. Mais là, on n’a pas assez de recul.

Q : Est-ce que la situation est inquiétante?

Il va falloir trouver des moyens de s’adapter. Un jour, il va faire plus chaud, un autre jour plus froid. Par contre, je peux vous dire qu’il y aura encore des tempêtes de neige et des froids intenses au Québec. Mais avec le temps, on projette que les périodes de froid intense seront moins nombreuses. Le climat du Québec change, mais il ne va pas passer du climat tempéré froid à un climat tropical du jour au lendemain. C’est rassurant quand même, mais, en ce qui concerne les températures, on peut dire qu’il y a une tendance lourde vers le réchauffement encore plus marquée au Québec qu’ailleurs dans le monde.

Q : Quelles sont les solutions pour mieux s’adapter?

R : C’est sûr qu’il y a des solutions. Par exemple, des ponceaux, les tuyaux qui servent à écouler l’eau, sont déjà construits un peu plus gros parce qu’on sait qu’il va y avoir une fréquence plus importante de pluies très fortes. Globalement, sur l’année, il ne va pas pleuvoir plus, mais ça va tomber de façon plus intense. Donc, on s’assure que, par exemple, les barrages ou les conduites d’eau soient prévus pour évacuer ces eaux-là. C’est pour ça que [lors de la table ronde] j’ai parlé des bassins de rétention d’eaux pluviales dans les villes, justement pour pouvoir absorber ce volume d’eau plus important qui va tomber d’un seul coup.

Q : Y a-t-il d’autres exemples?

R : Pour contrer les îlots de chaleur urbains en villes, c’est de planter des arbres, de créer des îlots de fraîcheur justement pour réduire cet effet de chaleur qui peut être beaucoup plus important en ville qu’ailleurs dans la campagne. […] On connaît les solutions. Maintenant, c’est d’arriver à les mettre en place. Ça, ça prend plus de temps parce qu’il faut que les décideurs soient d’accord, il faut s’assurer qu’ils comprennent le problème, puis qu’ils prennent les bonnes décisions.

Le Québec vers l’adaptation

Ouranos a profité de la table ronde tenue au pavillon Alphonse-Desjardins jeudi dernier pour présenter sa Synthèse des connaissances sur les changements climatiques au Québec publiée en 2015. Extraits du résumé de l’ouvrage disponible en entier sur son site Internet.

« Les phénomènes météorologiques extrêmes auront des impacts sur l’ensemble des secteurs d’activité. Certains se feront plus fréquents et/ou plus marqués à mesure que le climat se réchauffera. Il est donc important de prendre toutes les mesures nécessaires pour en limiter les effets et ainsi réduire le coût et l’amplitude des catastrophes, notamment en adaptant les bâtiments et les infrastructures. »

« La plupart des activités économiques devrait être touchée, directement ou indirectement, par les changements climatiques. Certains aspects de ces changements pourraient générer des opportunités, alors que d’autres pourraient engendrer des risques significatifs pour la productivité dans les secteurs agricole, forestier, de la pêche et de l’aquaculture ainsi que dans le secteur de l’énergie et du tourisme. »

Pour plus d’informations

http://www.ouranos.ca/fr/synthese2015/

Ouranos

Sur son site Internet, Ouranos se décrit comme « un consortium qui intègre quelque 450 scientifiques et professionnels issus de différentes disciplines. Son action se concentre sur 2 grands thèmes : Science du climat et Vulnérabilités, Impacts & Adaptation ».

 

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