Cigarette électronique : ceci n’est pas (vraiment) une cigarette

Révolutionnaire! C’est ainsi que le Dr Philippe Presles, auteur du livre La cigarette électronique, enfin la méthode pour arrêter de fumer facilement, qualifie la « e-cigarette ». Selon lui, cette version 2.0 de la cigarette traditionnelle constitue LA solution au tabagisme et aux nombreux problèmes de santé qui en découlent. De passage au Québec la semaine dernière pour faire la promotion de son ouvrage, le Dr Presles, lui-même un ex-fumeur, a bien voulu se prêter au jeu de l’entrevue pour Impact Campus.

Vous portez le titre de médecin tabacologue. Étant donné qu’il n’en existe pas au Canada, pourriez-vous nous en décrire les principales fonctions et caractéristiques?

« Le médecin tabacologue est celui qui fait du tabagisme sa spécialité. Moi et mes quelque 1500 collègues français nous occupons tout particulièrement des gens qui veulent arrêter de fumer. La spécialisation qui mène à l’obtention du titre est d’une année. Elle nous permet d’offrir une prise en charge plus complète des fumeurs que ne peuvent le faire, par exemple, les médecins généralistes. Il est nécessaire de pouvoir consacrer plus que cinq minutes de consultation à un individu qui souhaite écraser pour de bon. »

En quoi la cigarette électronique, comme outil d’arrêt du tabagisme, se démarque-t-elle par rapport aux gommes, timbres et autres méthodes couramment utilisées?

« Ce qui la distingue, c’est son taux de réussite : 75 % des fumeurs arrêtent ou diminuent fortement leur consommation de cigarette lorsqu’ils se mettent à “vapoter”. Ce chiffre est de 5 à 10 % supérieur chez ceux qui recourent à l’ensemble des substituts nicotiniques et autres méthodes. De plus, l’abandon de la cigarette traditionnelle se fait sans heurts, voire sans efforts, pour la très grande majorité puisque la cigarette électronique leur procure des stimuli physiques et psychologiques semblables. D’ailleurs, depuis son introduction en France en 2009, on constate une réduction du recours aux substituts nicotiniques classiques. Inutile de vous dire que la manière de pratiquer mon métier s’en trouve complètement modifiée! »

Est-elle dommageable pour la santé?

« À mon avis, elle est à peine plus dommageable que de manger du poisson ou des fruits et légumes. Ce qui est dangereux pour la santé dans la cigarette traditionnelle, c’est la combustion du tabac et des milliers de substances toxiques qu’elle contient. C’est elle qui donne le cancer, provoque des infarctus et mène au développement de la bronchite chronique. En remplaçant la combustion par une vaporisation d’un e-liquide composé de propylène-glycol, d’arômes artificiels et de nicotine, on élimine tous ces problèmes tout en gardant ses effets agréables. C’est d’ailleurs dans ce but que le Chinois Hon Lyk a inventé la cigarette électronique en 2004. »

Plusieurs groupes antitabac québécois honnissent la cigarette électronique sous prétexte que « la nicotine qu’elle contient pourrait créer une dépendance et amener des jeunes à commencer à fumer ». Que leur répondez-vous?

« J’ai envie de leur dire que la nicotine n’est pas mauvaise en soi, ou en tout cas qu’elle ne l’est pas plus ou moins que le magasinage, le sexe ou le café. Elle active les mêmes circuits de la récompense, procure les mêmes plaisirs et crée les mêmes dépendances. De plus, je leur dis que, contrairement à la cigarette traditionnelle, la cigarette électronique “n’arrache pas la gueule”, elle est plutôt pratique et ne cause pas d’odeurs déplaisantes. Il est donc improbable que des jeunes qui se trouvent confrontés aux deux produits optent pour la version classique. »

Existerait-il une possibilité, aussi infime soit-elle, que l’on découvre dans quelques années des effets délétères à l’utilisation de la cigarette électronique? Vous savez, le genre d’effets que nous n’avions pas nécessairement pressentis…

« Je ne pense pas. En fait, je pense que la somme de nos incertitudes vis-à-vis la cigarette électronique est bien maigre comparativement à celle de nos certitudes. Je crois également qu’il vaut mieux l’utiliser et sauver des vies au lieu de s’en priver et de laisser des gens mourir des suites du tabagisme. Il faut aller au-delà des apparences et se rendre compte que, bien qu’elle ressemble à une cigarette, la cigarette électronique n’en est pas une. »

***

La cigarette électronique, enfin la méthode pour arrêter de fumer facilement, Dr Philippe Presles, Les Éditions de l’Homme, en libraire dès maintenant.

Auteur / autrice

  • Maxime Bilodeau

    Journaliste (beaucoup), kinésiologue (un peu) ainsi qu’amateur de sports d’endurance (jamais assez), Maxime œuvre au sein d’Impact Campus depuis 2013. Le journaliste-bénévole qu’il était alors a ensuite dirigé les Sports pour, finalement, aboutir à la tête du pupitre Société, une entité regroupant les sections Sports, Sciences & technologies et International. Celui qu’on appelle affectueusement le « gârs des sports » collabore aussi à diverses publications à titre de pigiste. On peut le lire entre autres dans Vélo Mag, Espaces, et L’actualité.

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