En optimisant l’utilisation de l’environnement physique, les Earthships et les serres solaires passives pourraient permettre l’indépendance énergétique et alimentaire. Francis Gendron était de passage sur le campus pour nous expliquer comment.
André-Philippe Drapeau Picard
C’est devant 161 auditeurs attentifs que Francis Gendron, invité par le sous-comité pour une serre solaire passive d’Univert Laval, a présenté sa conférence le 25 octobre. Premier diplômé de la Earthship Academy, le jeune homme de 27 ans a d’abord exposé la réflexion derrière les bâtiments passifs que sont les Earthships et les serres solaires passives, pour ensuite en expliquer la composition et le fonctionnement.
L’énergie que nous consommons est polluante et limitée. Le design de la maison conventionnelle est basé sur la consommation. Les Earthships sont une alternative au modèle traditionnel d’habitation. Leur construction se veut simple, avec des matériaux et des techniques à la portée de tous. Par l’optimisation de technologies passives, ils visent à répondre aux besoins de base, la responsabilisation de la consommation et la reconnexion à la nature.
Francis Gendron voit les Earthships comme un ensemble de six «organes» qui forment un tout fonctionnel. Premièrement, les matériaux. Trois des quatre murs sont faits de terre et de bouteilles ou des pneus remplis de cob, un mélange de sable, d’argile et de paille. L’idée est d’en faire un bloc thermique, qui peut accumuler la chaleur pendant le jour et la relâcher la nuit. Pour l’intérieur du Earthship, on n’utilise que des matériaux naturels et nobles comme le bois et la pierre.
Deuxièmement, le chauffage. Celui-ci est assuré par la géothermie et le soleil. En effet, les trois murs de bouteilles ou de pneus sont partiellement enfoncés dans le sol, ce qui permet de profiter de la température très stable du sol. Le quatrième mur, orienté au sud pour profiter du soleil, est en fait une serre.
Troisièmement, l’eau. Les Earthships ne sont alimentés que par les précipitations. La pluie ou la neige qui tombe sur le toit est dirigée vers une citerne située dans le mur arrière. Si l’eau est bue, elle subit deux filtrations : une pour les particules, et l’autre pour les micro-organismes. Pour les autres usages, seules les particules sont filtrées. Le traitement des eaux usées est le quatrième organe. Les eaux grises servent à l’arrosage des plantes ou à remplir la toilette.
Cinquièmement, la production de nourriture. Tout Earthship est muni d’une serre solaire passive, fonctionnelle à longueur d’année. On peut y cultiver une multitude de fruits et légumes, même des espèces tropicales comme des bananiers et du café. Certains Earthships vont jusqu’à avoir des bassins remplis de poissons comestibles et un poulailler annexé!
Finalement, l’indépendance énergétique constitue le sixième organe. Des panneaux solaires et une éolienne assurent la consommation d’électricité.
Au Québec, le code du bâtiment est strict et complique un peu la construction de Earthships. Toutefois, les serres solaires passives, qui reposent sur les mêmes principes, ont le vent dans les voiles. Francis Gendron a participé à la création de quatre d’entre elles cet été seulement. L’Université de Sherbrooke en a déjà une sur son campus. À l’UL, le sous-comité pour une serre solaire passive d’Univert Laval désire aussi en bâtir une pour en faire une serre-école, un lieu de partage de connaissances en agriculture urbaine, permaculture, etc.
N’hésitez pas à les contacter si le projet vous allume!