Activists attend a protest action at the COP29 United Nations climate change conference, in Baku, Azerbaijan November 23, 2024. REUTERS/Maxim Shemetov

La 29ème édition de la Conférence des Parties (COP29), ayant lieu à Bakou en Azerbaïdjan, s’est finalement soldée d’une manière qualifiée comme décevante, le dimanche 24 novembre dernier.  Après plus de deux semaines de discussions tendues entre les pays occidentaux et les pays en développement, il aura fallu une prolongation de deux jours pour arriver à une entente in extremis quant à l’augmentation du soutien financier qui sera offert à ces derniers dans le combat contre la crise climatique.

Par Juliette Lefebvre, journaliste collaboratrice

L’augmentation arrêtée pour la période 2024-2035, qui se fixe à un minimum de 100 à 300 milliards de dollars par année en dons et en prêts par les pays développés, ne correspond qu’à la moitié de la somme demandée par les pays en développement.

Il peut être pertinent ici de se rappeler que, à l’occasion de la COP15 à Copenhague en 2009, les pays riches (incluant le Canada) avaient promis une mobilisation se fixant déjà à 100 milliards de dollars à partir de 2020, laquelle n’avait pas été complètement respectée. La prémisse derrière le soutien financier provenant de ces pays découle, entre autres, de leur responsabilité dans la production de la majorité des émissions de gaz à effet de serre depuis la révolution industrielle ainsi que de la vulnérabilité particulière des pays en développement face au réchauffement climatique.

C’est donc sans étonnement que l’entente issue de cette rencontre soit vivement critiquée, non seulement par les pays du Sud, mais aussi par les groupes écologistes.

La COP29 se rassemblait autour de deux objectifs centraux soit : l’atteinte d’un accord financier puis, une élévation des ambitions de tous les participants quant à la mise en place de plans nationaux luttant efficacement contre la crise. Alors que le premier ne peut qu’être jugé comme moyennement atteint (au mieux), le second reste complètement intouché. En effet, aucune entente n’a été établie quant à la réduction des émissions des GES ni en lien avec une possible issue de l’utilisation du pétrole, du gaz et du charbon.

Alors que nous traversons présentement l’année la plus chaude mesurée, battant le record d’émissions de CO2 par la combustion de ces énergies fossiles, plusieurs représentants font état du climat de découragement et de déception qui imprègne la conférence actuelle. D’entrée en matière, les pays occidentaux avaient très tôt déclaré leur tendance à vouloir, en raison des périodes d’austérité, que plusieurs traversent en Europe et ailleurs.

Ajoutons à cela les nombreuses tensions géopolitiques sous-tendant cette rencontre annuelle. Notamment, le refus de la ministre française de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, de participer à celle-ci en raison de commentaires désobligeants de Ilham Aliyev, président du pays hôte. Sans compter les critiques blâmant le manque de leadership de celui-ci et de son parti pris, connu du public, pour les industries qui exploitent tout le gaz et le pétrole dont regorge son pays. Malgré le sentiment de tumulte qui s’impose, ce genre de critiques ne sont pas irrégulières au sujet de la Conférence des Parties – retour à l’édition de l’année 2023, où l’envoyé spécial des Émirats arabes unis (alors pays hôte) avait largement été déprécié du fait de son rôle de PDG de la compagnie pétrolière nationale d’Abou Dabi –. Fait intéressant, le président de la COP actuelle, Mukhtar Babayev, se trouve être un ancien employé du département des relations économiques extérieures de la compagnie pétrolière SOCAR, provenant donc, lui aussi, du secteur pétrolier.

Cette conférence internationale de l’Organisation des Nations unies est un effort authentique de la préoccupation et de la mobilisation mondiale envers la crise climatique. Imparfaite, plusieurs affirment ressentir un désespoir et une envie de baisser les bras face au peu d’impact qu’exerce celle-ci. Cette impression de découragement semble se manifester plus lourdement chez les membres de nos gouvernements participants aussi, tel que rapporté par le ministre fédéral de l’Environnement du Canada, Steven Guilbeault : « Si nous ne faisons pas conjointement preuve d’ambition pour réduire la pollution, ça ne peut pas marcher. Et là-dessus, le résultat de la conférence de Bakou est décevant. »

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