Les caribous forestiers persistent à habiter un environnement qui leur est de plus en plus hostile.

Fidèles à un habitat changeant

Monica Lalancette
en collaboration avec Mikaël Labrecque-Berger

Demeurer fidèles à leurs territoires est une stratégie qui assure aux caribous une plus grande sécurité contre les prédateurs. Cependant, lorsque l'environnement est modifié par les coupes forestières, ce comportement persiste et met leur survie en péril.

Les compagnies forestières exploitent des forêts de résineux matures, lesquelles sont des milieux propices aux caribous parce qu'on y retrouve les aliments à la base de leur alimentation, comme le lichen. Tel que le souligne l'un des auteurs d'une recherche sur le sujet, Christian Dussault, professeur affilié au département de biologie de l'Université Laval et chercheur pour le ministère des Ressources naturelles et de la Faune, il y a un conflit évident entre les besoins des caribous et les intérêts des compagnies forestières.

Les caribous changent de secteur au gré des saisons, surtout à cause de leur régime alimentaire et de la mise bas des faons. Les chercheurs ont cependant observé que les animaux sont plus fidèles à leurs environnements d’été et moins à ceux d’hiver. Si l'impact des coupes forestières sur leur habitat est plus marqué en hiver, la dégradation des habitats utilisés pendant la mise bas et l’élevage des jeunes pourrait compromettre davantage la survie des faons, souligne Christian Dussault.

L'exploitation forestière force les caribous à augmenter la superficie de leur territoire et les chercheurs notent que les animaux «reviennent moins aux endroits où on a pratiqué des coupes». Puisque les «coupes forestières sont omniprésentes dans le paysage, les caribous n'ont pas le choix de croiser un jour ou l'autre un territoire exploité», précise l'expert des grands cervidés. Donc, même s'ils n'utilisent pas ces habitats de façon préférentielle, «ils sont forcés d'utiliser des milieux perturbés», ajoute-t-il. Les caribous seront donc exposés à des rencontres plus fréquentes avec leurs prédateurs, notamment l’ours noir et le loup.

 Inventaires aériens

Entre 2004 et 2007, les chercheurs ont suivi 47 caribous adultes femelles à l’aide de colliers GPS. Christian Dussault justifie le choix des femelles «en termes de sélection d'habitat», parce que leurs besoins en termes d’habitat sont plus spécifiques à cause de la nécessité de protéger leur faon. Le suivi par GPS a également permis de cibler les endroits les plus fréquentés par les animaux. M. Dussault assure à cet effet que ces informations, en combinaison avec les données d’inventaire aérien, permettent d’avoir une meilleure connaissance des endroits à protéger. «On peut demander aux compagnies forestières d'interrompre leurs activités pendant certaines périodes, comme la mise bas», explique l'expert sur la faune et ses habitats. Et les compagnies semblent réceptives. «Les ententes se négocient à la pièce», reconnaît Christian Dussault, mais la protection des habitats va bon train.

Les caribous fréquentent majoritairement la forêt boréale et on les retrouve au nord du 49e parallèle, détaille M. Dussault. Au cours des dernières années, le ministère a réalisé des inventaires aériens des populations nordiques et de celles qu'on retrouve plus au sud comme dans Charlevoix et à Val D'Or.

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