«L’amiante est un cadeau empoisonné du Canada au reste de l’humanité. Il faut bannir l’utilisation de l’amiante», tranche le Dr Fernand Turcotte, professeur émérite à la retraite de la Faculté de médecine de l’Université Laval en entrevue téléphonique.

L’amiante : un danger public au Québec?

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«L’amiante est un cadeau empoisonné du Canada au reste de l’humanité. Il faut bannir l’utilisation de l’amiante», tranche le Dr Fernand Turcotte, professeur émérite à la retraite de la Faculté de médecine de l’Université Laval en entrevue téléphonique.

Jean Daniel Doucet

«Comme médecin, je suis obligé d’aller là où les faits me mènent», explique le Dr Turcotte. «Et il me mène contre l’amiante. C’est d’ailleurs la position de l’Organisation mondiale de la santé», ajoute-t-il. Georges Beaudoin, professeur au Département de géologie et de génie géologique de l’UL reconnaît les risques de l’amiante. «Dans les années 80, le tunnel souterrain reliant les pavillons Pouliot et Vachon du De Koninck était couvert d’amiante floculé [plus facilement volatile, NDLR]. On a depuis décontaminé le site, ce qui est une bonne chose», raconte-t-il.

Le Pr Beaudoin prévient toutefois contre la généralisation que l’on retrouve fréquemment dans les études sur les effets de l’amiante sur la santé. «L’amiante est un nom commercial général qui s’applique à des fibres minérales [ … ] dont la composition chimique, la structure cristalline et la longueur des fibres varient», précise-t-il. La fibre de chrysotile, le groupe de minéraux de l’amiante le plus fréquent en industrie et celui retrouvé à Thetford Mines, cause des maladies pulmonaires graves lorsqu’elles sont retrouvées en suspension dans l’air. Le géologue précise par contre que les liens clairs entre certains types précis de fibres d’amiante et les risques sur la santé manquent parfois.

Gérer le risque

Le Pr Beaudoin, qui souligne ne pas être spécialiste en santé et sécurité au travail, estime qu’il est possible de gérer le risque de l’amiante comme on le fait pour d’autres poussières minérales potentiellement dangereuses. Son équipe travaille d’ailleurs avec des fibres de chrysotiles avec des protocoles approuvés par l’UL.

Selon le Dr Turcotte, cette utilisation sécuritaire de l’amiante est plutôt «un écran de fumée». Il admet que la sécurité au site d’extraction et de transformation de l’amiante a été sensiblement augmentée dernièrement en marge d’une politique provinciale adoptée en 2002. Or, plusieurs des recommandations de cette politique restes inappliquées selon le professeur retraité, et les fibres d’amiante des édifices peuvent facilement contaminer l’air en cas d’usure ou de catastrophe.

Rappelons que l’amiante est la cause de maladies chroniques incurables et mortelles, comme l’amiantose, le cancer du poumon et le mésothéliome, une forme rare de cancer des surfaces internes causé exclusivement par la fibre d’amiante.

«On doit établir un registre des bâtiments publics et poser un diagnostic précis du problème de l’amiante et corriger les situations dangereuses», soutient le Dr Turcotte. Une option que rejette le Pr Beaudoin.

Les deux scientifiques s’entendent cependant pour dire qu’on doit laisser dormir l’amiante encore présent dans les murs des vieux édifices pour éviter d’en contaminer l’air.

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