Où nous mènera la recherche sur le numérique? Quels enjeux sont amenés à freiner son développement? Quelles sont les priorités du marché? Voici quelques questions auxquelles a tenté de répondre un panel d’experts du numérique au Québec lors du colloque Numérique et innovation : enjeux, perspectives, collaborations.
À l’occasion de son 10e anniversaire, l’Institut Technologies de l’information et Sociétés (ITIS) a convié, jeudi dernier, chercheurs, étudiants, ministères et organismes œuvrant dans le milieu du numérique. Le colloque d’une demi-journée a réuni près de 150 personnes de tous les milieux au pavillon Alphonse-Desjardins.
« Ce ne sont pas que d’informaticiens, ce sont aussi des chercheurs en géomatique, en génie informatique, en santé, etc. On essaie toujours d’être à la frontière des disciplines pour créer un choc des idées. On souhaite aussi faciliter les interactions et, quelques fois, il y a un projet qui en émerge », explique le directeur de l’ITIS à l’Université Laval, Paul Fortier.
Évolution rapide du numérique
Bien que l’événement soulignait les dix ans de l’ITIS, le but n’était pas de faire un bilan, mais plutôt de se pencher sur l’avenir de la recherche reliée au numérique. C’est en sondant préalablement quelques chercheurs que l’institut est arrivé à déterminer ce que le futur proche nous réserve.
« On n’a pas de boule de cristal, on n’est pas capable de prédire précisément l’avenir. Si on retourne dix ans en arrière, on avait à peine Facebook et les téléphones intelligents commençaient à peine. Est-ce que l’imprimante 3D se démocratisera et deviendra un objet usuel? », s’interroge-t-il.
Avant la création de l’ITIS, l’Institut des affaires électroniques se penchait déjà sur le Web, mais c’était plutôt le volet commercial qui intéressait les chercheurs. Il y a maintenant dix ans, un professeur en sociologie, Michel Audet, a décidé de fonder un institut qui se pencherait sur les impacts des technologies d’information sur la société.
Technologies sécuritaires?
Depuis, les technologies numériques ont grandement évolué et de nouveaux enjeux sont apparus. Le colloque était une occasion pour les experts de se prononcer sur ce qui les inquiète et les fascine. Il a notamment été question d’acceptabilité des technologies et de protection des données personnelles.
« Les avis divergent quand il est question notamment des données massives. Il en a qui disent qu’il peut y avoir certains dangers, mais qu’il faut aussi voir au bien commun. D’autres vont dire que les compagnies utilisent nos données personnelles pour nous bombarder d’annonces », indique Paul Fortier.
Il soutient que l’Internet des objets ne fait pas non plus l’unanimité. Certains soulèvent la possibilité qu’une entité extérieure prenne le contrôle de ces objets interconnectés. On a qu’à penser aux conséquences que cela pourrait avoir si quelqu’un prend le contrôle d’un réfrigérateur intelligent ou d’une voiture autonome.
Le directeur de l’ITIS à l’Université Laval croit que l’événement de la semaine dernière prend tout son sens face à des situations comme celle-ci. Les experts échangent entre eux afin de trouver des pistes de solutions à leur problème.
Difficile de mener au changement
Bien que les technologies facilitent notre quotidien, et ce, en plus de nous permettre d’effectuer des économies et de faire preuve d’une plus grande efficacité, elles comportent certains risques, ce qui effraie la population.
« On sent souvent une certaine résistance [face aux nouvelles technologies]. Les gens ont leur façon de faire. Ce n’est pas facile de les changer. Des fois c’est bien beau, mais quand on essaie de le mettre en pratique ce n’est pas évident. Plus qu’il va y avoir d’informations, plus ce sera facile », assure Paul Fortier.
Au terme du processus d’acceptabilité, deux possibilités s’offrent à la population, soit elle rejette l’innovation ou elle l’accepte. « Quelques fois, la technologie est trop tôt. Des fois les gens ne sont pas prêts à ça », explique-t-il en donnant comme exemple les lunettes Google.
Et maintenant?
Aux dires du directeur de l’ITIS, l’exploitation des données massives occupera une place importante dans la sphère publique au cours des prochaines années. Celles-ci pourraient révolutionner les méthodes de recherche actuelles.
« En ayant un très grand nombre de données, on est capable de sortir de l’information qu’on n’avait pas auparavant. On essaie par exemple de faire travailler les chercheurs du milieu de la santé ensemble afin qu’ils combinent leur banque de données. On pourrait ainsi avoir beaucoup plus de patients », analyse-t-il.
Selon lui, c’est une infinité de possibilités qui s’offrent aux chercheurs. Il ne reste plus qu’à trouver un moyen d’organiser les données, qui sont pour la plupart effacées ou inutilisées.