Crédit photo David Voyer

Les nouveaux sentiers de la tourbière Joncas attestent du ravivement des activités à la Forêt Montmorency

Le 12 septembre dernier, les sentiers d’interprétation de la tourbière Joncas à la Forêt Montmorency ont vu le jour. Ce nouveau développement marque le début d’un nouvel effort de l’Université Laval pour réanimer les activités du parc à environ 75 kilomètres de Québec. Rencontre avec Alexis Achim, directeur scientifique de la Forêt Montmorency, pour mettre en lumière les objectifs de cette nouvelle initiative et comprendre ce qui rend ce lieu si unique aux yeux de la communauté scientifique. 

Par Samuel-Olivier Guay, journaliste collaborateur

Un nouveau début à la Forêt Montmorency

Alexis Achim via l’Université Laval

Achim voit ces nouveaux sentiers comme une belle façon de faire renaître le tourisme scientifique dans la grande région de Québec. De plus, il se voit confiant que cette nouvelle initiative amènera un « vent de relance » pour de nouvelles collaborations de recherches interdisciplinaires. « On ne veut pas se limiter seulement à la science forestière, mais on veut accueillir aussi d’autres projets de recherches qui peuvent se déployer en milieu naturel […] par exemple, l’effet de la nature sur la santé humaine. », explique-t-il. 

Il encourage aussi le grand public à côtoyer l’aménagement du parc dans une perspective de  promouvoir l’enseignement des sciences forestières. De plus, Achim adopte l’idée qu’un échange de dialogue entre la population et les chercheur.ses permettra au grand public de mieux comprendre les enjeux liés à l’aménagement forestier et permettra aux deux parties de mieux collaborer, autant pour le bien civil qu’environnemental. 

Finalement, parmi les projets contribuant au développement du site, une tour d’observation sera érigée pour offrir une meilleure vue d’ensemble de la tourbière.

Un site unique et historique 

Achim explique qu’une tourbière se forme dans un bassin où l’eau devient stagnante, créant un milieu propice à la croissance de sphaigne, une mousse caractéristique des milieux humides. De plus, puisque l’eau est stagnante, très peu d’oxygène circule dans le bassin, causant un ralentissement de la décomposition de la matière organique. Ainsi, la sphaigne continue de s’accumuler au fil du temps, développant des « couches » de matières organiques. « C’est comme ça qu’on réussit à obtenir de l’information sur la végétation passée, un peu comme un glacier. On est capable de retourner dans les couches les plus profondes […] », illustre le Directeur de la Forêt Montmorency. 

Alors que ce processus fleurit depuis maintenant des millénaires, Achim explique la rareté du site par les plantes aquatiques qui habitent le fond de la tourbière. L’information qui peut être séquestrée témoigne de la valeur du site, puisqu’il se situe au milieu des Laurentides, un endroit peu propice à la formation de tourbières, celles-ci se formant principalement dans des endroits à relief peu élevé. « C’est le seul endroit, localement, où on peut retrouver ces plantes-là, qui sont typiques des tourbières, mais aussi, les espèces animales qui vont profiter de cet espace-là. C’est un carrefour de biodiversité. », témoigne-t-il.

Une nouvelle perspective

En plus d’introduire de nouveaux développements pour le parc, les nouveaux sentiers permettent aux visiteur.ses d’acquérir une meilleure vue de la tourbière à partir des sentiers, tout en limitant les effets néfastes sur l’environnement et le paysage. « Maintenant, le trottoir est simplement accoté sur la tourbe; il n’y a pas de pieu qui a été utilisé. C’est des méthodes de construction qui ont été voulues pour être très respectueuses de l’environnement. », souligne Achim. 

De plus, il soutient que le sentier nous amène au centre de la tourbière, où il est généralement difficile de se rendre dû aux mares d’eau et au sol instable, offrant ainsi un point de vue rare dans le milieu des tourbières.  

Sentier de la tourbière Joncas. Photo par Martin Fortier

Finalement, il se réjouit des nouveaux panneaux d’interprétation longeant les sentiers, permettant aux randonneur.ses de mieux comprendre ce qui se présente devant nos yeux: « C’est quand même assez touchant de voir que ce site-là se développe depuis plus de 12 000 ans. […] Il y a une très grande épaisseur de tourbe en dessous de nos pieds qu’on ne voit pas, évidemment. C’est avec l’interprétation qu’on est capable de le voir. »

Achim célèbre aussi la valeur symbolique de la tourbière, promouvant l’importance d’acquérir des « moments d’éveil » chez les membres de la communauté universitaire. Il soutient que la tourbière Joncas représente l’inspiration que le travail peut apporter aux étudiants, ainsi encourageant une plus grande aspiration professionnelle. « Cette tourbière-là, c’est le travail de quelqu’un qui a initié des travaux, puis qui a développé une grande passion, assez pour venir par la suite investir pour la faire découvrir à d’autres personnes très généreusement. C’est un peu ça l’histoire de la tourbière. »

Le site est accessible à partir de la route 175 (km 103) en prenant le chemin Belvédère. Il demeure ouvert jusqu’en octobre et rouvrira ses portes en Juin 2026.

 

Source: Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique (n.d.). La Tourbière Joncas. https://www.ffgg.ulaval.ca/foret-montmorency/ecosystemes-naturels/la-tourbiere-joncas 

 

Auteur / autrice

Consulter le magazine