L’eau froide de l’estuaire du Saint-Laurent rend le Québec très productif et propice à l’élevage marin. L’omble de fontaine, le saumon, la truite mouchetée, le flétan et la truite arc-en-ciel sont parmi les principales espèces qui peuplent le fond de nos cours d’eau. Cependant, il semble qu’il n’en sera pas toujours ainsi. La communauté internationale est catégorique à ce sujet: les réserves mondiales de gros poissons diminuent. Mais bonne nouvelle! Les choix des consommateurs sont justement en train de changer. Ceux-ci ont tranquillement éprouvé un attrait envers les crustacés et les mollusques telles les moules bleues plutôt que pour les gros poissons. Quant aux poissons pélagiques, les petits poissons que l’on retrouve à la surface de l’eau, ils ne sont aucunement menacés. «Ces poissons renferment de bons gras, des bons nutriments et sont peu contaminés. Il faudrait que l’industrie se creuse la tête pour faire quelque chose avec ces poissons», soulève Éric Dewailly, médecin et professeur au Département de médecine préventive de l’Université Laval. Alors, laissez aller votre imagination et cuisinez sardines et maquereaux ou encore découvrez les espèces moins connues telles que la mactre de Stimpson, la mye commune ou le flétan du Groenland!
Biotechnologies marines
«La biodiversité marine est une source de richesse», a indiqué Lucie Beaulieu, coordonnatrice du groupe d’intérêt sur les produits marins de l’Institut des nutraceutiques et des aliments fonctionnels (INAF) de l’Université Laval lors du colloque santé-mer qui se déroulait à Québec la semaine dernière. Plusieurs chercheurs partagent l’opinion de la biochimiste, car la recherche dans le domaine des biotechnologies marines foisonne au Québec. «Une foule de biomolécules provenant de coproduits de la pêche et de l’exploitation aquacole sont présentement à l’étude ou commercialisées pour leurs propriétés utiles en alimentation, en médecine, en cosmétiques et en agriculture», indique Guy Viel, directeur général du Centre de recherche sur les biotechnologies marines à Rimouski. Ainsi, des chercheurs de l’INAF travaillent sur un anticoagulant et un anti-inflammatoire à partir d’algues brunes, alors que d’autres synthétisent des antimicrobiens à partir du crabe des neiges. Le fractionnement des huiles contenues dans le maquereau bleu sert à fabriquer un concentré d’oméga-3 utile au traitement du Parkinson et l’extraction de chitosane chez la crevette peut servir au traitement des eaux. La morue renferme une protéine pouvant offrir une protection contre le cancer et les oursins verts cacheraient certaines molécules antioxydantes. Plusieurs équipes de scientifiques travaillent donc à nous faire profiter de fertilisants, de collagène, de biopesticides, d’enzymes, d’antivieillissement et d’autres créations que nous offrent les produits de la mer.
Plusieurs étapes sont nécessaires pour arriver à un traitement contre une maladie comme le diabète à partir de crabe, de hareng ou de maquereau! Piotr Bryl, responsable de l’usine pilote de fractionnement de la biomasse aquatique, explique qu’il faut tout d’abord traiter la matière première afin de rendre la molécule d’intérêt disponible. «Cela peut se faire par hydrolyse chimique, solubilisation, traitement thermique. Tout dépend de la molécule que l’on veut à la fin et de son application», indique-t-il. Par la suite, il y a les étapes de purification, d’extraction et de séparation et, finalement, la conservation de l’extrait. «Et tout cela doit être fait en assurant l’innocuité du produit, en s’assurant que les molécules soient non toxiques», assure Lucie Beaulieu.