Eh oui, malgré leur aspect sauvage, le pissenlit, le trèfle, la marguerite et le bouton d’or ne sont pas apparues naturellement chez nous. Il y a plus de 400 ans, enlever les pétales d’une marguerite ou chercher le trèfle chanceux était carrément impossible. Pas la moindre pousse de ces plantes n’était visible sur tout le territoire du Québec.
Alors comment se fait-il qu’aujourd’hui, la marguerite fleurisse en abondance? À partir du 17e siècle, les plantes d’origine européenne ont fait la grande traversée en compagnie des colons. Certaines espèces ont été transportées volontairement par les Européens, qui les cultivaient entre autres pour l’embellissement des jardins, mais surtout pour leurs vertus médicinales. C’est le cas du pissenlit, utilisé comme diurétique.
D’autres espèces ont abouti en Nouvelle-France par accident. Les semences ont fait le voyage cachées dans les cales des bateaux, dissimulées dans les cargaisons de blé ou mêlées au sable employé pour stabiliser les embarcations.
Ces plantes se sont vite acclimatées à leur nouvel environnement. Le plantain, par exemple, se répandait si rapidement après le passage des colons que les Amérindiens l’ont rebaptisé «pied du Blanc» !
À vrai dire, les plantes venues d’Europe se sont trop bien adaptées… Pensez au nombre de pissenlits qui infestent nos terrains. Ces plantes sont devenues des espèces envahissantes, c’est-à-dire qu’elles se sont appropriées le territoire en dominant de nombreuses espèces indigènes.
Comment s’explique une telle prolifération? Avant 1600, le Québec était presque entièrement couvert de forêts, des milieux qui offraient beaucoup d’ombrage à la végétation basse. Les espèces indigènes, forcément, étaient surtout des plantes d’ombre. Quand les colons français sont arrivés, ils se sont mis à bâtir des maisons et à ouvrir des chemins, donc à couper des arbres en grande quantité. Les espaces ombragés d’autrefois sont ainsi devenus des espaces ensoleillés.
Pour le pissenlit, le trèfle, la marguerite et le bouton d’or, habitués aux champs inondés de lumière, ces nouveaux espaces ensoleillés furent de vrais paradis! Et on connaît le résultat…