En conférence à l’Université Laval, le professeur Thomas Pederson de l’Université de Victoria présentait le Pacific Institute for Climate Solutions (PICS) dont il

Quand la science et la politique s’allient

Les experts sont de plus en plus unanimes: en regard des changements climatiques, les sociétés doivent repenser la gérance de leurs ressources naturelles. Les gouvernements sont donc appelés à adopter de nouvelles activités industrielles,
plus propres et durables, ainsi que des politiques vertes.

Or, pour être efficaces, de telles mesures doivent s’organiser à l’intérieur d’une fine logique. C’est dans cette optique que le PICS dirige des recherches de pointe qui tracent les lignes directrices des politiques environnementales menées par le gouvernement de la Colombie-Britannique.

C’est en effet ce gouvernement provincial qui, en 2008, a permis la création du consortium PICS en lui garantissant un finance-
ment à la hauteur de 90 millions de dollars. De même, un plan d’action pour le climat était rédigé afin de mener le gouvernement vers une économie verte au cours des prochaines années.

En 2009, la Colombie-Britannique est ensuite allée de l’avant avec la mise en place de la première législation nord-américaine de réduction du carbone en appliquant une taxe de 20$ par tonne de carbone. D’ici 2012, ce tarif est d’ailleurs appelé à augmenter de 5$ par année.

Interdisciplinarité et interaction

Regroupant des spécialistes en sciences sociales, naturelles et en génie, le réseau PICS fonde ses recherches sur
cinq axes différents, soit le développement de technologies énergétiques alternatives et de nouvelles formes de trans-
port; une meilleure résilience des écosystèmes; la durabilité des communautés; une gestion adéquate du carbone ainsi
qu’une mobilisation plus active pour des changements dans les comportements sociaux. Tout cela est mené en interaction
avec de nombreux acteurs, gouvernementaux ou autres.

Les solutions climatiques peuvent rarement se restreindre aux frontières d’une province et elles concernent donc le monde
entier, sinon les continents ou les nations: il s’agit là d’une difficulté limitative. Le docteur Pederson souligne de ce fait que les
provinces canadiennes doivent interagir et s’allier afin de poser des actions d’envergure.

Selon le PICS, on devrait avant tout miser sur l’organisation de l’énergie de manière plus efficace à travers le pays, afin principalement d’éliminer l’utilisation du charbon en Alberta et en Saskatchewan, qui notons-le, représente respectivement 90% et 60% de leur source d’énergie. Un réseau de câblage transcanadien permettant le partage d’énergie fait cependant défaut.

Puisque les politiques énergétiques sont sous la juridiction
des provinces, leur association est nécessaire, estime Thomas
Pederson. À cet effet, le PICS imagine actuellement un réseau énergétique virtuel, soit une carte géographique sur laquelle
sont disposés le câblage et les installations de manière à assurer une distribution efficiente.

Leur ambition est également de faire valoir ce projet auprès des acteurs concernés. Le consortium suggère aussi d’utiliser l’énergie du vent; le Canada occupe la deuxième place mondiale au niveau du potentiel éolien. L’énergie extraite du vent augmente mondialement de 31% chaque année, ce qui en fait un marché de plus en plus compétitif et avantageux économiquement.

S’en inspirer au Québec?

Dans sa présentation du modèle du consortium PICS, le docteur Pederson a invité les universitaires et étudiants qué-
bécois à réfléchir sur une telle coopération entre les scientifiques et les politiciens. Au Québec, les différents ministères gèrent chacun leurs dossiers, et le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) assure l’information et la consultation publiques. Bien que des experts émettent leur bilan, il n’existe aucune entité scientifique officielle et indépendante du gouvernement ayant pour mandat d’étudier toutes les problématiques environnementales relatives à la province. Le BAPE, dans le rapport sur les gaz de schistes présenté le 8 mars dernier, souligne d’ailleurs le manque d’étude et fait appel à une évaluation environnementale stratégique (EES) avant que l’exploitation gazière ne se déploie. La mise en place d’une institution de la sorte au Québec pourrait donc permettre aux dirigeants de prendre des décisions concertées, en s’appuyant sur l’avis d’experts ayant exploré adroitement ces problématiques.

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