Initiations, rentrée institutionnelle, accueils des nouveaux étudiants … Tous ces événement qui rythment le début de session s’inscrivent dans une ritualisation de la rentrée et du passage à la vie universitaire. Explications et décryptage avec David Harvengt, professionnel de recherche et chargé de cours en éthique professionnelle à la Faculté des sciences de l’éducation.
Les initiations ou les bals de finissants ne sont pas les seuls rituels, ou rites de passage, qui marquent le cursus des élèves et étudiants. Toute scolarité, et particulièrement les rentrées, sont marquées par des micros-rituels dont le but est de venir mettre de l’ordre, d’organiser ces moments de vie.
Spécialiste en éthique professionnelle en enseignement, David Harvengt a particulièrement étudié les initiations universitaires comme rituel contemporain. Pour lui, le rituel doit être vu dans un sens étendu : « Souvent quand on pense au rituel, les premiers exemples qui nous viennent en tête sont souvent religieux. Baptêmes, mariages, etc. Mais moi, j’ai une conception beaucoup plus large. Pour moi, le rituel, c’est ce qui vient organiser. » Selon le chargé de cours, les rites de passage viennent signaler un changement de rôle, de statut.
Le rituel comme mise en scène
La préparation de la rentrée, avec l’achat de livres et de matériel scolaire, ou encore l’installation de kiosques pour accueillir les nouveaux étudiants s’inscrivent dans une mise en scène. Celle-ci est une partie intégrante du rituel.
La « grand-messe » que constitue la Rentrée UL par exemple est, selon M. Harvengt, une démonstration de la mise en scène institutionnelle du début de session. « On le voit même dans chaque faculté : il y a l’accueil des nouveaux étudiants qui va se faire. C’est aussi une mise en scène », exemplifie le professionnel de recherche.
Initiations : créer de l’appartenance
Au-delà, le rituel va permettre de donner des codes qui vont créer un sentiment d’appartenance. « Pour la rentrée, on va se donner des codes, des façons d’être selon les facultés où on va être. On peut souvent distinguer à quelle faculté appartiennent les étudiants juste par leur apparence », explique le chargé de cours. Selon lui, le code vestimentaire participe de la mise en scène du rituel, et va créer un sentiment d’appartenance.
Les initiations servent d’ailleurs en partie à créer cette appartenance-là. « Lorsque j’ai fait mon observation [de doctorat] auprès des étudiants de la Faculté de médecine surtout, ils me disaient que cela cimentait beaucoup le groupe, se rappelle David Harvengt. […] À se rouler dans la moutarde et dans la boue, ça finit par faire une espèce d’uniformité dans le groupe parce qu’on est tous sales de toute façon, on s’est tous roulés ensemble là-dedans. »
Rassurer par le rituel
La rentrée en général et les initiations en particulier sont des étapes qui viennent jalonner le parcours universitaire. Ces moments peuvent procurer de l’anxiété aux nouveaux étudiants. Selon le chargé de cours, le rituel vient enlever ce stress-là. « Pour moi, d’avoir une mise en scène comme ça, d’avoir des kiosques, un accueil des nouveaux, c’est aussi une forme de petits rituels qui viennent adoucir la rentrée pour les nouveaux », évoque-t-il. Le rituel rassure : « cela vient mettre de l’huile dans l’engrenage ».
Et cela vaut également pour les anciens. M. Harvengt reprend l’exemple des initiations : « Ce qui est en jeu, c’est qu’on a un groupe qui est déjà formé avec les 2e années qui se connaissent. Et là, d’un coup, il y a des nouveaux qui arrivent. Il faut les intégrer. Ce n’est pas toujours très habile dans le cas des initiations, mais il faut trouver une façon d’intégrer ces nouveaux-là au groupe qui est déjà formé. » Et le rituel vient ainsi rassurer le groupe dans son ensemble.