Face à l’accélération des changements climatiques, les forêts canadiennes sont soumises à des pressions sans précédent. Sécheresses, insectes ravageurs et événements météorologiques extrêmes fragilisent les écosystèmes forestiers et augmentent la mortalité des arbres. C’est dans ce contexte qu’est né Silva21, un projet de recherche d’envergure nationale.
Par Marie Tremblay, cheffe de pupitre actualités
Silva21 découle du « constat de l’augmentation des perturbations et de la mortalité » observées dans les forêts du pays en raison du réchauffement climatique. Dans une vidéo de présentation, Alexis Achim, directeur scientifique de la Forêt Montmorency, explique que l’objectif du projet est de « fournir des outils pratiques pour le déploiement d’une stratégie d’aménagement forestier qui s’adapte au climat changeant ».
Le projet permet de former une quarantaine de personnes appelées à appliquer ces nouvelles approches dans leur milieu professionnel. Réunissant quinze partenaires — dont des gouvernements, des entreprises forestières et deux communautés autochtones — et cinq universités, Silva21 représente un investissement total de 5,5 millions de dollars entre 2021 et 2026.

Parmi les douze forêts de recherche participant à l’étude, la Forêt Montmorency occupe une place particulière. Elle « se distingue de deux façons », souligne M. Achim. D’abord, il s’agit d’une forêt boréale dominée par le sapin baumier, située à proximité des forêts tempérées plus au sud. « Avec les changements climatiques, on peut penser que les conditions tempérées vont progressivement atteindre la Forêt Montmorency », explique-t-il.
Cette position géographique en fait un laboratoire naturel idéal pour observer la réponse des écosystèmes forestiers à un climat en transition et pour tester diverses stratégies d’aménagement. Ensuite, la Forêt de recherche de l’Université Laval est considérée comme la plus grande au monde, avec une superficie de plus de 400 km².
Parmi les stratégies étudiées figure la migration assistée, une approche qui suscite à la fois espoir et débats. Cette technique consiste à déplacer intentionnellement certaines espèces d’arbres vers des régions plus au nord, en les plantant dans des zones où les conditions climatiques futures devraient leur être plus favorables.
L’objectif est d’anticiper les déplacements naturels des espèces, qui se font souvent trop lentement pour suivre le rythme actuel du réchauffement climatique. En testant différentes provenances d’arbres et en évaluant leur survie, leur croissance et leur impact sur les écosystèmes locaux, les chercheurs veulent déterminer si la migration assistée peut devenir un outil viable pour renforcer la résilience des forêts.


