La Forêt Montmorency propose depuis neuf ans des safaris d’observation des orignaux. Dans une excursion d’environ quatre heures, les touristes et amateurs de la faune peuvent y observer dans leur habitat sauvage les spécimens vivant dans la plus grande forêt de recherche et d’enseignement au monde. Impact Campus y est allé pour vous, mais malédiction ou manque de chance, on n’y a pas vu le bout d’un panache.
Quand je me suis fait proposer d’aller visiter la Forêt Montmorency, pour y observer des orignaux en pleine nature, je me suis vraiment dit que c’était la chance ou jamais de briser ma « malédiction ». Longue histoire, histoire courte : j’ai passé près d’un mois dans un roadtrip québécois cet été. Tadoussac, Les Escoumins, Le Parc national de la Gaspésie, Forillon ; je n’y ai vu ni baleine, ni bélouga, ni orignal. Pas même le bout du nez d’un renard.
Enfin, en me préparant pour l’excursion, j’ai bien fait attention de lire toutes les recommandations qui étaient inscrites sur le site de l’activité.
Si la vue des orignaux n’est pas celle d’un rapace, ils sont toutefois très sensibles aux contrastes. Il était donc essentiel de porter des vêtements sombres. Le moins de blanc et de couleurs pâles possible. Également, les vêtements bruyants sont à proscrire. Exit les pantalons de nylon qui frottent avec un bruit infernal dans le silence de la forêt. Bien content de remettre mes bottes de randonnées, je me suis installé au volant de ma voiture et je suis parti sur la 175 Nord pour le trip de l’automne, de l’année, d’une vie, qu’en savais-je?
Le guide nous accueille vers 15 h 30. Pierre Vaillancourt travaille à la Forêt Montmorency depuis environ 30 ans. Il connaît son affaire. Il s’exprime de manière à vulgariser tous les concepts et répond aux questions les plus triviales : donc OUI, le velours des orignaux, l’espèce de poils qui recouvre les bois, est en quelque sorte l’ancêtre de la magique pilule bleue. Vous savez laquelle.
C’est dans un petit autobus jaune que Pierre nous emmène dans la forêt où on est censé faire de belles rencontres. Il nous explique en chemin que les orignaux se tiennent le plus souvent dans ce qu’on appelle des bûchers. Ce sont des terrains qui ont été coupés pour l’industrie forestière, dans lesquels la verdure a repoussé. Normalement, lorsqu’un bûcher a deux ou trois ans, c’est à ce moment que les orignaux vont venir pour s’y nourrir.
Dès la sortie de l’autobus, c’est le silence presque total. Pierre nous a bien avertis : l’ouïe de l’orignal est très bonne. Il suffit de s’énerver un peu trop et on va manquer notre chance.
On chuchote quand on a des questions. On se fait des signes de tête. Des signes de mains. On dirait que nous sommes un commando en pleine opération pour libérer des otages. Ou bien simplement dans une émission du canal Chasse et Pêches, mais sur silence.
Pierre nous montre des traces. On est sur la piste d’une mère d’un jeune buck. Nous sommes face au vent et le soleil va bientôt se coucher. Tout est en place pour une belle soirée d’observation.
Pierre nous amène à un bûcher à environ 2,5 kilomètres de l’autobus. On s’arrête de temps en temps pour observer un crottin d’ours. « Ah ça c’est pas mal plus frais, c’est bon signe ! »
Sur place, Pierre nous fait signe d’observer. Munis de nos longues vues, on regarde pendant un bon moment. Quoi ? Je sais pas trop. Mais on regarde. On est comme des enfants qui suivent leur père dans la maison pendant toute la journée. Quand Pierre avance, on avance. Quand il regarde, on regarde. Quand il call l’orignal… enfin non, on n’est pas allé jusque-là.
Il nous fait finalement signe de le rejoindre. Il nous explique que l’endroit où nous nous trouvons est vraiment particulièrement parfait pour l’observation puisque nous avons une vue sur l’ensemble du terrain et du couvert pour nous mettre à l’affût. Tout ça va se passer d’ici la prochaine heure et demie selon notre guide.
L’attente commence.
Puis se continue.
Finalement, on n’a rien vu.
Pierre est déçu, un peu ; nous, pas mal. Il nous explique que normalement, on aurait dû voir au moins quelques orignaux. Il y en a une dizaine dans les parages. Ils sont bien là ! Les traces sont là pour le prouver. Les températures chaudes des derniers temps ont en quelque sorte retardé le rut et, selon lui, c’est pour ça qu’ils ne sont pas sortis des couverts. Il nous explique que probablement d’ici une semaine, ils seront bien plus actifs. Dommage.
De mon côté, je ne l’ai dit à personne, mais je sais bien que c’est parce que je suis maudit. Je me sens un peu mal d’avoir scrapé leur safari.
Les safaris sont disponibles les vendredis, samedis et dimanches du 18 septembre au 1er novembre 2015. Pour réserver votre place dès maintenant, contactez le 418-656-2034.