Thèse en bref : Jeu vidéo et construction identitaire

Qui a dit que les jeux vidéo étaient dangereux ? Sûrement pas Mathieu Pinault qui, dans le cadre de son doctorat en sciences de l’orientation, étudie comment l’investissement dans un jeu de rôle en ligne massivement multijoueurs (MMORPG) contribue à la construction identitaire des jeunes adultes.

« Mort après 23 heures de World of Warcraft. » « Un Taïwanais succombe en jouant à League of Legends dans un cybercafé. » « Il décède après 72 heures d’affilée passées sur son ordinateur. » C’est souvent par l’entremise de telles manchettes qu’il est question des jeux vidéo dans les médias. Et ça, c’est lorsqu’il n’est pas question de joueurs sociopathes aux prises avec des troubles obsessionnels ou avec des comportements violents !

Dans ce contexte, pas surprenant que l’activité soit vue par plusieurs comme quelque chose de mauvais. Une vision des choses avec laquelle Mathieu Pinault, doctorant en sciences de l’orientation à l’Université Laval, n’est pas d’accord. « On parle beaucoup des jeux vidéo sous un angle négatif, mais plus rarement sous un angle positif. Pourtant, il y a tant à tirer de ces derniers », pense-t-il.

Les recherches de ce gamer du dimanche – « j’ai grandi avec Atari, Nintendo et compagnie et je joue encore dans mes rares temps libres » — en sont la preuve. « Je m’intéresse à la manière dont les expériences particulières vécues dans le cadre d’un jeu de type MMORPG mènent à la construction d’une identité propre au jeu. Mais surtout, je cherche à savoir si cette identité s’articule avec qui est la personne à l’extérieur du jeu, un point sur lequel la recherche ne s’entend pas », explique Mathieu Pinault.

Pourquoi s’intéresser spécifiquement à ce type de jeu ? « Parce que c’en est un qui a été très étudié, mais également parce que le joueur a une très grande liberté d’action quant à la conception de son personnage et à ses actions », lance l’étudiant-chercheur. Savant mélange de jeu de rôle et de jeu en ligne, le MMORPG permet à des joueurs d’interagir simultanément dans un monde virtuel par l’entremise de leur avatar.

C’est d’ailleurs cette notion de rapports sociaux en ligne qui intéresse tout particulièrement Mathieu Pinault. « En s’impliquant dans leurs communautés en ligne, les joueurs développent des compétences potentiellement transférables à la vie réelle, soutient-il. Ils apprennent à travailler en équipe, à gérer des groupes, à communiquer dans une autre langue que la leur. Les parallèles sont nombreux. »

Son but ultime : fournir des outils aux orienteurs pour les aider à détecter ces compétences et à les transposer dans un choix de carrière ou scolaire. « Les liens entre virtuel et réalité ne sont pas toujours clairs. Parfois, ils sont même carrément ténus. […] Je cherche à identifier des constantes, mais également des points de fracture entre les joueurs », affirme le jeune trentenaire.

Même si, de son propre aveu, son étude en est une « exploratoire », Mathieu Pinault croit plus que jamais en son utilité. « La vision des jeux vidéo en est une très générationnelle. Si les baby-boomers n’y connaissent rien et les craignent, la génération Y a quant à elle grandi avec eux. C’est plus que temps de s’y intéresser afin d’en comprendre l’importance chez ces derniers. » 


  • Avec sept millions d’abonnés (août 2014), World of Warcraft est le MMORPG le plus populaire. Fait cocasse : il détient le record Guinness à ce chapitre.
  • En 2008, les Occidentaux dépensaient environ 1,4 billion de dollars en jeu en ligne massivement multijoueurs (MMOG).
  • Lors de son lancement en 2011, Star Wars : The Old Republic est devenu le jeu en ligne massivement multijoueur ayant connu la plus forte croissante après avoir attiré un million d’adeptes en trois jours.

Participants recherchés

Mathieu Pinault est présentement en période de recrutement de participants et de participantes pour son étude. Vous êtes éligible si : vous êtes âgé entre 18 et 25 ans, vous jouez à un MMORPG depuis au moins 1 an et faite partie d’une guilde depuis 6 mois et vous investissez, en moyenne, un minimum de 15 heures par semaine dans un MMORPG. Contact : 418-656-2131 (poste 12254) ou mathieu.pinault@fse.ulaval.ca

 

Auteur / autrice

  • Maxime Bilodeau

    Journaliste (beaucoup), kinésiologue (un peu) ainsi qu’amateur de sports d’endurance (jamais assez), Maxime œuvre au sein d’Impact Campus depuis 2013. Le journaliste-bénévole qu’il était alors a ensuite dirigé les Sports pour, finalement, aboutir à la tête du pupitre Société, une entité regroupant les sections Sports, Sciences & technologies et International. Celui qu’on appelle affectueusement le « gârs des sports » collabore aussi à diverses publications à titre de pigiste. On peut le lire entre autres dans Vélo Mag, Espaces, et L’actualité.

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