En quête de pistes pour expliquer une forme spécifique d’insomnie, ou pourquoi le sommeil paradoxal des individus souffrant d’insomnie paradoxale pourrait se différencier de celui des bons dormeurs.
Pour la majorité des gens, l’insomnie est un phénomène passager qui se vit sans trop de heurts. Toutefois, pour d’autres, ce trouble du sommeil est un véritable boulet qu’ils traînent au quotidien. Selon une enquête pancanadienne parue en 2005, 13,4 % des Canadiens âgés de 15 ans et plus rapportent souffrir d’insomnie chronique. Même si le stress et les mauvaises habitudes de vie sont reconnus comme des facteurs clés pouvant précipiter ce problème, les mécanismes précis qui l’expliquent demeurent obscurs.
C’est pourquoi Alexandra Duchesne-Pérusse, étudiante au doctorat en psychologie à l’Université Laval, s’est lancée dans une série d’études sur l’insomnie. Son objectif : élucider le mystère entourant un type bien précis d’insomnie.
Car, selon l’étudiante-chercheuse rencontrée la semaine dernière par Impact Campus, il n’existe pas un seul type d’insomnie, mais bien onze types tous distincts. « Dans le cadre de mes recherches, je m’intéresse tout particulièrement à un type, celui que l’on dit paradoxal », précise-t-elle toutefois.
Elle poursuit : « Comparativement à d’autres formes, l’insomnie paradoxale n’est pas caractérisée par des difficultés d’endormissement, davantage de périodes d’éveil ou des périodes d’éveil plus longues. Au contraire, ce qu’on appelle l’architecture du sommeil, ou la macrostructure, y est identique à celle des bons dormeurs. Non, ce qui la distingue, c’est que ceux qui en souffrent rapportent ne pas dormir ou faire des nuits blanches. Autrement dit, malgré leur sommeil en apparence normal, ils affirment mal dormir. »
Afin de dissiper les zones d’ombre, Mme Duchesne-Pérusse a fait un pari audacieux : étudier le stade de sommeil dit lui aussi paradoxal chez des populations d’individus souffrant de ce type d’insomnie. Pourquoi s’intéresser à ce stade? « Tout d’abord parce qu’il partage plusieurs caractéristiques qui ressemblent à celles de l’éveil, ce qui pourrait expliquer, du moins en partie, pourquoi ceux aux prises avec de l’insomnie paradoxale rapportent moins bien dormir. Et puis, plus simplement, parce que la plupart des études sur le sommeil ne s’y intéressent pas », affirme-t-elle.
Quatre années après le début de son doctorat, Mme Duchesne-Pérusse a déjà accumulé plusieurs données sur le stade de sommeil paradoxal de ses insomniaques. Si, dans un premier temps, la doctorante s’est attardée à la macrostructure de l’insomnie paradoxale qui, rappelons-le, est identique à celle du sommeil non pathologique, elle s’est par la suite penchée sur l’activité électrique cérébrale, ou la microstructure, de ce stade de sommeil. Et si on se fie à des résultats publiés plus tôt cette année dans la revue International Journal of Psychophysiology, ses expérimentations semblent corroborer sa décision de s’attarder au sommeil paradoxal.
Ces jours-ci, Mme Duchesne-Pérusse s’attarde aux différences en ce qui a trait au contenu des rêves ainsi qu’à leur fréquence de rappel chez les individus souffrant d’insomnie paradoxale. D’ailleurs, si vous êtes âgés entre 34 et 45 ans, êtes insatisfaits de votre sommeil et n’utilisez aucun médicament ni produit naturel pour faciliter votre sommeil, vous pourriez être admissible pour participer à son projet de recherche.