Photo: Amandine Cardonnet

Numérique et journalisme : des données parsemées de secrets

À l’occasion du Colloque international du Réseau Théophraste donné à l’Université durant la semaine dernière, Raya Roumanos, maître de conférences et chercheuse sur les évolutions des pratiques de représentation du métier de journaliste à l’heure du numérique, soutient que la notion de Data journalisme a de l’avenir et ouvre le champ de possibilités.

« Donnée » et « journalisme » sont deux termes aux sens multiples. De ce fait, si tu ne manies pas les mots parfaitement et n’as pas fait de l’actualité ton activité favorite, bref, si tu n’es pas en journalisme, ne crois pas que les quelques lignes qui vont suivre  ne te concernent pas.  Cet article s’adresse autant à toi étudiant en géographie et passionné de randonnées, ou encore à toi étudiante en agronomie et férue de l’art culinaire, sans oublier toi professeur, qui par un pur hasard te retrouve avec ce journal entre les mains. Consciemment ou non, vous avez tous au moins une fois utilisée le Data journalisme ou comme il aime aussi se faire appeler, le journalisme de données.

Le Data journalisme est un procédé né dans les années 2000 qui consiste à collecter, consolider et interpréter des données dans un but purement informatif.

Pour Raya Roumanos ce procédé est en constante évolution et s’adapte aux nouveaux outils technologiques dont nous bénéficions aujourd’hui « Le terme en lui-même est assez récent, par contre travailler avec des données, c’est la base. Il s’appuie sur d’anciennes compétences historiques et sur un savoir. Le data journalisme se concentre sur les faits et met de côté l’opinion, il veut recontextualiser un phénomène en donnant accès à des données essentielles. Les outils technologiques permettent de réaliser le procédé plus simplement, c’est un gain de temps incroyable. »

La notion de webscraping

La data journalisme est étroitement lié à une technique nommée webscraping qui repose sur la quête de données d’information. « Ce sont des techniques qui permettent d’aller sur des sites internet pour récupérer des données spécifiques par exemple Wikipédia, l’un des plus connus. Si vous désirez obtenir la liste de toutes les politiciennes et tous les politiciens canadiens, vous allez l’obtenir sans soucis », explique Raya Roumanos. En terme professionnel, si une donnée n’est pas disponible, le journaliste peut utiliser une technique de scraping pour la récupérer et l’étudier. Néanmoins, à cause de sites internet qui reposent de plus en plus sur un système participatif où tout le monde peut insérer une information et la modifier à sa guise, il faut faire attention à ces informations offertes sur un plateau d’argent.

« Avec des techniques de scraping, on peut tomber sur un résultat qui comporte beaucoup d’erreurs ou d’anomalies et là, c’est au journaliste de vérifier si l’erreur est véridique. La vérification des sources est indispensable, c’est un fondement du Data journalisme »

La conclusion est claire, nette et précise. Le Data journalisme plaît au public, il répond à une demande sociale et il permet aux journalistes de redorer d’une certaine manière le blason de la profession. Il répond parfaitement à la mission principale des journalistes : informer de la manière la plus honnête possible sur des faits de société.

En plus court : « Le Data journalisme a permis de réenchanter le métier, pas mal bousculé par la crise ces dernières années. Ce procédé va vers une amplification certaine », finit Raya Roumanos.

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