’architecte de golf est un échafaudeur de divertissement. À première vue, il est facile de le voir travailler dans son champ, imaginer la forme de ses futures trappes de sable, en pensant aux difficultés qu’elles causeront. Lorsque l’on y regarde de plus près, on voit une profession axée sur la précision, la minutie et la connaissance. Ainsi, l’architecte de golf devra «maîtriser à la fois l’essentiel de la terre et de la construction», indique Phil Watson, architecte de terrain de golf. Parce qu’avant de mettre sur pied des complexes de golf comprenant plusieurs parcours, les architectes sont, pour la plupart, des détenteurs d’un baccalauréat en architecture de paysage. Darell Huxham, président de sa propre compagnie de conception de
18 trous, a décroché, pour sa part, un baccalauréat en sciences des sols, ce qui démontre à quel point la science joue un rôle important dans la construction de parcours.
Jeremy Glenn, architecte pour une grande firme internationale, affirme que les contraintes majeures proviennent souvent de «l’aménagement des sols». Dans la même veine, M. Huxham corrobore les propos de son confrère, en affirmant qu’il faut «jongler avec tous les éléments inconnus souterrains, incluant les différents types de sols, les couches de pierres, le drainage et la température.»
Des étapes à respecter
Construire des terrains de golf demande plus qu’une connaissance pointue de l’environnement, beaucoup de temps et une implication constante dans le projet. Tout d’abord, il faut commencer par établir un plan de préfaisabilité, en établissant un plan d’affaires et un échéancier des travaux et des décisions importantes. Puis, il faut mettre en place ce plan, en vérifiant les aspects techniques et financiers, comprenant les exigences de financement. C’est d’ailleurs à ce moment que l’on vérifie le marché et la viabilité du projet. À cet instant, l’architecte met véritablement les premières pierres en place, puisqu’il s’agit pour lui de dessiner le plan directeur préliminaire du projet. Vient ensuite les premiers pas sur le terrain, alors que l’architecte et son équipe doivent effectuer une étude de caractérisation : étudier les sols, les nappes
phréatiques, le drainage et les dénivellations du site. Enfin, quand toutes ces études s’avèrent positives, les esquisses du parcours et les croquis du clubhouse
sont dessinés.
L’étape suivante, dite de l’approximation des coûts, est primordiale puisqu’elle signifie, soit que le coup de pelle initial pourra être donné, ou soit que le premier clou du cercueil sera planté. Cependant, comme M. Watson le précise, le financement n’est pas la seule raison du naufrage de certains projets. Il faut tenir compte de tous les facteurs géographiques, sociaux ou économiques. Finalement, avant d’amorcer la construction, le projet doit se trouver un promoteur qui sera prêt à soutenir le projet. S’ensuit la construction, dont la durée et le temps accordés diffèrent selon les firmes. Par exemple, M. Watson a commencé à travailler au développement d’un complexe en 1989, qui n’a finalement accueilli ses premiers visiteurs qu’en 2008. Jeremy Glenn, employé d’une firme d’architecture depuis 1997, précise davantage la chronologie de la mise en œuvre d’un vert. «Généralement, on effectue le défrichage du terrain en hiver. La construction se fait d’avril à octobre, en prévoyant la semence pour septembre. La fin de l’année et la première moitié de la saison suivante sont prévues pour la maturation du parcours». Cela démontre à quel point les facteurs externes peuvent influencer le temps alloué à la construction. Et encore, cela varie évidemment d’une firme à l’autre et du client, tout dépendant de leurs ressources.
Qu’est-il de l’avenir ?
Pour les architectes de golf, l’avenir s’annonce mal. La présente récession touche directement toutes les industries de divertissements. Si M. Glenn a confié qu’il «était rentré en architecture de paysage pour devenir architecte de golf», il est bien conscient que ce n’est plus possible aujourd’hui. Il souligne d’ailleurs «qu’au Québec, il n’y a plus aucun espace pour un jeune diplômé d’ici cinq ans». Selon lui, les futurs diplômés devront aller prendre de l’expérience dans un autre domaine correspondant à l’architecture de paysage. Pour M. Glenn, le golf, en général, et son métier, en particulier, sont touchés par la hausse des prix des terrains constructibles. «Le danger, c’est que les espaces occupés par les terrains de golf prennent beaucoup de valeur», dit-il. Il poursuit en mentionnant qu’un grand terrain de golf de la région montréalaise «fermera ses portes en automne 2009, dû aux projets immobiliers». M. Glenn affirme que «le propriétaire [du terrain] a simplement constaté qu’il était plus rentable de vendre ses arpents verts à des promoteurs ayant des projets résidentiels.»