Canot à glace : à l’assaut du Saint-Laurent

Une embarcation appropriée, des eaux gelées et cinq crinqués qui n’ont pas froid aux yeux : c’est tout ce que ça prend pour pratiquer le canot à glace, un sport qui n’a d’extrême que les apparences. À l’aube du début officiel de la saison compétitive, Impact Campus s’est entretenu avec trois équipages qui gravitent autour de l’Université Laval.

Les Photons Givrés

Cette équipe constituée de physiciens de l’Université Laval est née de l’initiative d’un groupe d’amis passionnés de sport et de plein air. C’est en avril 2014 que l’aventure de ce groupe de 25-30 ans a débuté, raconte Clément Frayssinous, un des membres des Photons Givrés.

« Trois filles de mon entourage cherchaient alors des gens motivés à se démarrer une équipe de canot à glace mixte, se rappelle-t-il. Le temps de monter notre projet, de rechercher des commanditaires et d’acheter l’équipement requis, nous voici presque une année plus tard, à l’aube de notre première compétition [NDLR : le 24 janvier à Portneuf].»

En cette première saison d’activités, les objectifs de cette équipe entièrement constituée de néophytes sont relativement modestes. « Nous sommes là pour apprendre des erreurs que nous allons inévitablement commettre, avoue Clément Frayssinous. Si nous terminons les trois courses auxquelles nous comptons prendre part, ce sera mission accomplie. »

Qu’est-ce qui plaît le plus aux Photons Givrés dans le canot à glace ? « Personnellement, j’aime naviguer sur les glaces du fleuve au petit jour, à l’ombre de la Ville de Québec », affirme le jeune homme.

INRS-Fastoche

À en croire Samuel Simard, membre de l’équipe INRS-Fastoche, le canot à glace est une passion transmissible par simple contact. « C’est un des membres dont la copine est dans l’équipe Bota Bota Spa sur l’Eau qui, inspiré par cette dernière, a mis la main sur un canot usager et a lancé l’idée », se souvient le géologue rattaché à l’Université Laval.

Après une première saison du tonnerre, l’équipage entièrement constitué de scientifiques entame sa deuxième campagne avec lucidité. « Nos résultats ont été tels que nous serions satisfaits de simplement répéter nos exploits, explique Samuel Simard. Notre but est d’être le plus à l’avant possible pendant l’ensemble des courses auxquelles nous allons prendre part. »

Au détour de deux idées, la notion du risque relatif à la pratique du canot à glace est abordée. Quelle est la perception de l’équipe INRS-Fastoche sur la question ? « Les risques ne sont pas très grands, mais les conséquences peuvent être fâcheuses, concède Samuel Simard. Il faut connaître les glaces et les courants pour s’aventurer sur le fleuve en plein hiver. C’est sans cette connaissance que ça devient très dangereux. »

Bota Bota Spa sur L’Eau

Après trois années à affronter les courants et les glaces du Saint-Laurent, cette équipe exclusivement féminine aspire aux plus grands honneurs. « Nous sommes confiantes en notre équipe et nous sommes prêtes à compétitionner pour la première place. lance Marianne Biron-Hudon, la porte-parole de cet équipage majoritairement constitué d’étudiantes lavalloises de premier et de deuxième cycle. Nous allons faire tout en notre pouvoir pour performer à notre meilleur ». En 2014, Bota Bota Spa sur l’Eau avait ravi la troisième place au classement général l’année passée.

Impact Campus a eu la chance d’accompagner les filles dans le cadre d’une excursion de canot à glace. À voir en son et en images dès mercredi sur impactcampus.qc.ca !

Le canot à glace, un sport patrimonial

Kim Chabot

Aujourd’hui prisé par les sportifs, le canot était jadis l’un des seuls moyens de transport disponibles pour traverser le fleuve en hiver. Bien avant l’inauguration du pont de l’Île-d’Orléans en 1935, cette embarcation permet aux riverains de circuler sur le Saint-Laurent, là où la glace était trop mince pour soutenir les carrioles et les traîneaux. Ce sont les Amérindiens qui, les premiers, maîtrisaient l’art de canoter en pleine saison froide grâce à leurs canots d’écorce ou de bois. L’arrivée des Européens à Québec ne change pas la donne, les Français apprenant eux aussi à manier la pagaie été comme hiver.

Les canoteurs joignent l’utile à l’agréable en organisant des compétitions amicales à la fin du XIXe siècle. Le programme du carnaval de 1894, le premier de la ville de Québec, inclut des courses de canot en glace. Leur popularité est telle qu’elles sont intégrées à la programmation du Carnaval de Québec dès sa première édition, en 1955. Avec le temps, l’activité devient l’un des moments phares des festivités hivernales.

Bon an mal an, des milliers de spectateurs se massent pour voir les équipes rivaliser de force et d’endurance dans des conditions parfois très difficiles. Certaines années, la météo était si peu favorable aux canoteurs que peu d’équipes franchissaient le fil d’arrivée. C’est le cas en 1958 où seulement quatre équipes, sur les vingt en compétition, terminent la course. Avec les années, la course de canot à glace du Carnaval est devenue la plus courue du circuit.

Auteur / autrice

  • Maxime Bilodeau

    Journaliste (beaucoup), kinésiologue (un peu) ainsi qu’amateur de sports d’endurance (jamais assez), Maxime œuvre au sein d’Impact Campus depuis 2013. Le journaliste-bénévole qu’il était alors a ensuite dirigé les Sports pour, finalement, aboutir à la tête du pupitre Société, une entité regroupant les sections Sports, Sciences & technologies et International. Celui qu’on appelle affectueusement le « gârs des sports » collabore aussi à diverses publications à titre de pigiste. On peut le lire entre autres dans Vélo Mag, Espaces, et L’actualité.

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