Le brio de Fabiola Forteza est loin d’être étranger au succès de l’équipe de rugby du Rouge et Or depuis le début de la saison. Grâce à sa force d’accélération, la joueuse de troisième ligne a enchaîné les essais pour permettre aux siennes de tenir tête aux autres formations dominantes du circuit.
Avant d’en arriver à ce niveau, l’athlète de 21 ans a suivi un parcours bien à elle. Dans son cas, c’est en troisième secondaire qu’elle a commencé à pratiquer le rugby. « Mon père est un grand fanatique du rugby. Il m’avait encouragé à essayer pour une première année. »
Il n’en fallait pas plus pour lui donner la piqure. Elle a donc laissé de côté son ancien sport fétiche, le soccer. « J’ai eu un gros coup de foudre. Je me sentais vivante quand je jouais au rugby », explique-t-elle, la passion dans les yeux.
Au niveau collégial, elle a fait partie du programme des Dynamiques du Cégep de Sainte-Foy. Elle a ensuite été accueillie par le Rouge et Or. En dehors du cadre scolaire, depuis 2014, elle a eu la chance de participer à plusieurs compétitions de niveau international.
Rester soi-même
La voilà maintenant à sa troisième saison au sein du programme de l’Université Laval. Et qui dit expérience, dit aussi plus grandes responsabilités. Cette phrase s’applique très bien dans son cas. En début de saison, l’entraîneur-chef de l’équipe, Dominique Duquette, l’a nommée capitaine.
« Au début, je le sentais un peu comme une pression, mais en fait, ce n’est pas très compliqué. Mon coach m’a dit : « Sois toi-même ». C’est ça que je fais », indique la principale intéressée.
« Je ne suis pas une fille qui est vraiment verbomoteur, qui va parler à tout bout de champ, faire des speechs motivationnels, mais je vais essayer de donner l’exemple à tout coup. »
L’entraîneur-chef du Rouge et Or abonde dans le même sens. C’est l’éthique de travail de sa numéro 8 qui l’a incité à lui décerner ce titre, malgré le fait que certaines joueuses sont avec l’équipe depuis plus longtemps. « Il y a toutes sortes de capitaines. Fabiola est un leader par l’exemple. C’est une fille qui travaille toujours très fort, qui est disciplinée et qui connaît la game. »
« Je pense que, par son attitude, il y a beaucoup de choses qu’elle va faire réaliser aux filles. Ce n’est pas nécessairement la fille qui va parler très fort dans le vestiaire, mais c’est une attitude qui peut rassembler tout le monde dans un but commun. »
Destination Victoria?
Achevant son baccalauréat en kinésiologie, Fabiola Forteza pourrait en être à sa dernière année à l’université. La présente saison est donc particulièrement déterminante pour son avenir. D’ici quelques mois, elle aimerait quitter le Québec pour s’installer à Victoria, en Colombie-Britannique, là où le groupe national de rugby à 7 est centralisé.
Dans la ligue universitaire québécoise, le sport est pratiqué à 15 joueuses de chaque côté. En déménageant à l’autre bout du pays, elle aurait donc l’occasion de se familiariser davantage avec une version de son sport qui gagne en popularité partout dans le monde. C’est sous cette formule que le rugby a fait son apparition aux Jeux olympiques, cet été.
Celle qui a grandi à Beauport espère avoir l’opportunité de représenter le Canada à Tokyo en 2020. Elle pourrait ainsi aider le pays à défendre sa médaille de bronze remportée à Rio en août. Mais avant cela, elle vise une place sur l’équipe nationale qui participera à la Coupe du monde de 2017. De cette manière, elle continuerait à prendre de l’expérience.
Précisant ne pas écarter l’option de poursuivre ses études jusqu’à la maîtrise, elle avoue avoir d’autres plans. « C’est l’un de mes objectifs de jouer à sept et de peut-être gagner une médaille d’or aux prochains Jeux olympiques. »
Pour atteindre ce but, elle peut prendre exemple sur une autre athlète de Québec. Membre de l’équipe canadienne de rugby aux derniers Jeux olympiques, Karen Paquin a aussi évolué pour le Rouge et Or, jusqu’en 2011. Fabiola Forteza s’en inspire déjà.
« Je la connais bien. On s’entrainait ensemble quand j’étais jeune. Elle est super inspirante. En plus, on joue à la même position. Donc elle peut me donner plein de petits conseils. »
Présentant une fiche de trois victoires et une défaite depuis le début de la saison, l’équipe de rugby du Rouge et Or aspire à une première participation au Championnat universitaire canadien depuis 2011.
Afin d’atteindre cet objectif, l’équipe de l’entraîneur-chef Dominique Duquette devra accéder à la finale des séries éliminatoires du Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ). Il s’agit d’une chose qu’elle n’a pas réalisée au cours des quatre dernières saisons.
Or, la tendance pourrait bien être renversée. L’équipe est formée d’un groupe arrivé à maturité. Neuf des 22 joueuses ont plus de trois années d’expérience dans le circuit à leur actif.
« C’est sûr que c’est une année charnière, reconnaît Dominique Duquette. On a beaucoup de filles de troisième, quatrième et cinquième année, mais on a aussi un bel équilibre avec les recrues. Il y a des recrues d’impact qui sont arrivées cette année. »
Fait à noter : deux équipes de l’Ontario font partie de la ligue du Québec. En plus des Ravens de Carleton que le Rouge et Or a battus 69 à 0, samedi, au Stade TELUS-Université Laval, il y a les Gee-Gees d’Ottawa. La formation de la capitale canadienne s’est qualifiée pour le Championnat universitaire canadien lors des deux dernières saisons et pourrait encore se rendre jusqu’au bout.
Le 10 septembre, à Ottawa, la formation de l’Université Laval s’est inclinée 20 à 10 contre ses rivaux. Si les deux équipes se retrouvent cette année, ce sera lors des séries éliminatoires.
« On a de gros objectifs, convient la capitaine Fabiola Forteza. Notre but, c’est d’arriver premières. On a déjà un match de perdu contre Ottawa, mais on ne sait pas ce qui peut arriver. »
Le Rouge et Or disputera ses derniers matchs à domicile de la saison régulière contre les Gaiters de Bishop le 1er octobre, puis contre les Martlets de McGill six jours plus tard.
Une soixantaine de filles de moins de 18 ans ont participé à l’Académie de rugby féminin Rouge et Or cet été. C’est un signe que le sport connaît une belle progression à Québec, se réjouissent les membres du programme de l’Université Laval. Avec le succès qu’a connu l’équipe canadienne féminine aux derniers Jeux olympiques, il ne serait pas surprenant de voir de plus en plus de joueuses tenter l’expérience dans les prochaines années.