En février 2013, lors d’une conférence téléphonique, Rebecca Marino annonce qu’elle met sa carrière en pause en raison d’une dépression causée notamment par de la cyber intimidation et par le mal du pays. Cinq ans plus tard, elle est de retour à Québec plus forte que jamais.
À l’époque, son retrait avait surpris la planète tennis, puisque la Canadienne était pourtant au beau milieu d’un retour à la compétition, après une pause de sept mois. Toutefois, cela en était trop. Pour la première fois, elle a décidé de parler publiquement de ses problèmes.
« Pour moi, c’était entre autres une façon de sensibiliser au fait que toutes les joueuses recevaient des messages de haine et en reçoivent encore. »
Marino connaissait pourtant un beau début de carrière. Âgée de seulement 19 ans, elle s’est fait connaître au US Open, alors qu’elle a poussé Venus Williams, 4e mondiale à ce moment, au bris d’égalité de la première manche. L’année suivante, en 2011, elle a atteint le 38e rang mondial.
Lors de cette conférence, elle a toutefois refusé d’annoncer son retrait définitif tout en disant qu’elle pourrait revenir à la compétition.
Pendant cinq ans, elle a étudié en plus d’entraîner de jeunes joueurs de tennis dans la région de Vancouver. Puis, l’année dernière, l’envie est revenue. « J’ai réalisé que j’appréciais plus jouer que d’entraîner ». Elle a donc recommencé à s’entraîner plus sérieusement, en vue d’un retour au jeu en octobre, qui a finalement été repoussé en janvier en raison de problèmes administratifs.
Près de sa famille, Marino parle aussi des traitements de chimiothérapie suivis par son père comme une autre des raisons qui l’ont motivée à revenir au jeu. « Ils m’ont fait réaliser que je devais vivre ma vie sans aucun regret », dit-elle, convaincue que revenir au jeu était la meilleure chose à faire.
Un départ canon
Les trois mois de pratique additionnels lui auront permis d’être au sommet de sa forme pour son retour au jeu. Et les succès ne se sont pas fait attendre. Elle a remporté ses 19 premiers matchs et les trois premiers tournois auxquels elle a pris part en Turquie.
Depuis, l’ascension s’est poursuivie, malgré une petite blessure. En juillet dernier, elle a remporté les grands honneurs au Challenger de Winnipeg, en plus d’atteindre les quarts de finale des Challengers de Granby et de Vancouver. À la Coupe Rogers, elle a même vaincu la 66e raquette mondiale, Vera Lapko.
« Je n’ai jamais pensé que cela irait aussi bien, a avoué celle qui pointe maintenant au 266e rang mondial. De commencer avec trois titres de suite était une bonne surprise et je suis heureuse d’avoir pu continuer aussi fort. Je sais que mon niveau de jeu est présent, mais je ne m’y attendais pas aussi vite. »
Aidée par la technologie
Ironiquement, si son retour se passe à merveille et qu’elle n’a plus le mal du pays, c’est notamment en raison de… la technologie. Elle est d’ailleurs retournée sur Facebook, Twitter et Instagram après avoir tout supprimé il y a 5 ans.
« J’essaie de revenir à la maison quand je le peux, mais la technologie a beaucoup évolué dans les six dernières années, donc c’est plus facile pour moi d’appeler mes parents.
« Aussi, je n’ai plus de problèmes avec les réseaux sociaux. Je le vois plus comme une façon de faire de l’autopromotion et de permettre à ma famille et mes amis de voir ce que je fais. »
L’autre revenante : Après deux ans d’absence, Sharon Fichman retrouvera le court cette semaine
Tout comme sa compatriote Rebecca Marino, Sharon Fichman tente un retour à la compétition.
L’athlète de 27 ans n’a pris part qu’à un seul match au cours des deux dernières années. En entrevue, elle avoue qu’une pause était nécessaire, en raison des nombreuses blessures et de la fatigue accumulée par celle qui était autrefois la deuxième meilleure joueuse au monde chez les 14 ans et moins.
« C’était un défi de me lever et d’avoir la même motivation quand je ne suis pas au même niveau physiquement et mentalement, avoue en soupirant l’ancienne 48e au monde en double. Quand tu vas sur le court pratiquer ou compétitionner et que tu regardes ta montre, tu sais qu’il est peut-être temps de passer à autre chose ».
Pendant ces deux ans, elle en a profité pour entraîner des joueurs de tennis au Centre de Haute Performance de Tennis Canada, en plus d’être analyste pour le réseau Sportsnet.
« J’ai fait des choses fantastiques pendant ma pause et je suis retombée en amour avec le tennis plus tôt cette année ».
Autrefois 77e raquette mondiale en simple, elle prévoit toutefois se concentrer sur le double à temps plein, à moins « qu’une occasion se présente ».
À la Coupe Banque Nationale, Fichman fera équipe avec la jeune sensation de 16 ans Leylah Annie Fernandez. Elles affronteront la paire composée de Maria Sanchez et d’Asia Muhammad au premier tour.