Agrocité et l’élevage autonome de poissons à l’UL

Au début du mois de décembre, l’organisme lavallois Agrocité a instauré un système aquaponique qui accueille depuis peu 400 perchaudes dans un aquarium au pavillon Alexandre-Vachon. Le jeune groupe espère pouvoir vendre éventuellement son poisson dans les cafétérias de l’Université Laval. 

L’aquaponie est un terme provenant de la jonction des mots aquaculture et hydroponie. Le premier signifie l’élevage d’organismes aquatiques, alors que le second englobe toute culture de plantes hors-sol.

Les poissons d’Agrocité résident dans un bassin d’environ 600 L, conçu afin de fonctionner de manière 100 % indépendante. Leur élevage et leur alimentation sont automatiquement régulés, il n’y a donc aucun besoin récurrent d’intervention.

« On nourrit les poissons, qui eux émettent des déchets à la suite de leur digestion, explique le directeur en recherche et développement du groupe, Benjamin Laramée. Ils sont ensuite convertis en nutriments par l’action de micro-organismes que l’on retrouve dans un biofiltre. »

Plus tard, la conversion de la plupart de ces excréments doit passer par un processus d’aérobie et d’oxygénation intelligent. L’eau enrichie de nouvelles valeurs nutritives peut ensuite être pompée et renvoyée vers le haut du système et les poissons peuvent manger eux-mêmes et grandir de manière progressive.

Projet campus

Benjamin est étudiant de l’Université Laval au doctorat en aquaponie, un domaine spécifique qui impose bien souvent de créer ses opportunités. C’est dans ce contexte qu’il a approché l’organisme écoresponsable en 2015. « L’idée est venue de ma personne, quand j’ai eu le désir d’avoir plusieurs carrés de sable pour faire mes expériences, indique-t-il. Agrocité me permet de faire plusieurs essais de différentes façons. »

Dans un avenir rapproché, l’OSBL étudiant vise à vendre ses perchaudes fraîches dans plusieurs pavillons de l’université, lui qui est soutenu par la faculté de biologie et par celle des sciences de l’agriculture et de l’alimentation. Certains obstacles légaux demeurent toutefois considérables. « L’obtention des permis peut être problématique, admet le directeur. Personne n’est payé et nous sommes tous bénévoles, donc ça dépend des barrières, il faut réussir à les franchir. »

Pour rendre ses produits disponibles à l’UL, l’équipe devra obtenir trois certifications d’autorisation gouvernementale au préalable : celui du ministère de la Faune, celui du ministère de l’Environnement et finalement celui du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). Le fait que son volume de production n’est pas immense pourrait toutefois bien servir le comité.

Même si ses collègues et lui n’y parviennent pas, Benjamin assure qu’il sera possible pour la communauté universitaire d’avoir accès aux résultats du projet d’élevage. « Si on n’est pas capable de vendre, on va faire un grand événement promotionnel, note-t-il. On va engager des écoles de cuisine par exemple pour préparer des filets et faire profiter tout le monde. »

Beaucoup d’idées sur la table

Agrocité voit déjà très grand pour 2017 et promet d’être très actif dans les prochaines semaines. De nouvelles variétés d’élevages de la mer devraient débuter sous peu. « On devrait commencer avec des écrevisses bientôt, dans un mois environ, souligne Benjamin. On se met toujours en contact avec des producteurs québécois. »

Le point majeur de cette année : le projet FAM. Initié par un partenariat avec l’entreprise Écosystèmes Alimentaires Urbain (EAU), ce nouveau concept créera une ferme aquaponique mobile cette fois, construite à l’intérieur de conteneurs maritimes. « Actuellement, nous sommes dans la structuration de tout ça, avoue le doctorant. On va procéder à l’isolation des lieux, puisqu’on veut produire l’hiver également. »

Comme sa mission est d’abord et avant tout conçue pour les étudiants, Agrocité ne prévoit aucune expansion dans la ville de Québec. « Il y a encore beaucoup de cafétérias à nourrir ici de toute manière, conclut Benjamin. Nous sommes d’ailleurs en discussion avec Saveurs Campus pour approvisionner le pavillon Desjardins bientôt. »

Agrocité en bref
  • 35 membres bénévoles
  • 5 systèmes hyroponiques et aquaponiques
  • Organisme fondé en décembre 2014
  • Dizaine de partenaires à Québec
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